Chaque inculpé traîne un gros boulet en fonte. Celui-là en a... deux! Maître Hadj Abdelouahab Zebiri, l´avocat de Abdelaziz H. poursuivi pour vol et recel d´un portable, a démontré de réelles prédispositions devant Soumiya Kassoul, la présidente de la section correctionnelle du tribunal Bir Mourad Raïs (cour d´Alger). Des prédispositions à tout mettre en oeuvre en vue de tirer du bourbier dans lequel se trouvait Abdelaziz H., la vingtaine largement entamée et que n´arrive pas à cacher le long duvet qui orne une lèvre supérieure enflée suite à une altercation la veille en taule. Cela arrive... Mohamed Lamari, le jeune représentant du ministère public s´était étalé sur les deux délits qu´il considère comme étant dangereux pour la société et le territoire de Bir Mourad Raïs, Sidi Yahia, El Biar, Bouzaréah, Hydra, Gai Soleil, Rostomia (ex-Château-Neuf), Parc Miremont, et autres Bir Khadem, Les Vergers. Et ces localités sont populeuses... «L´article 350 visant le vol (loi n° 06-23 du 20 décembre 2006) de la section «Une» - Vols et extorsions du chapitre III: crimes et délits contre les biens - avait fait l´objet d´amendement il y aura bientôt quatre années (le 20 décembre 2006) juste pour permettre aux juges du siège d´être mieux armés devant la recrudescence des délits et de la criminalité, toute la criminalité. D´ailleurs, beaucoup de magistrats ne parlent jamais de «petite» criminalité mais de criminalité tout court. Les procureurs, eux, ne font pas de discernement. Quant à l´article 387 lié au recel, il dispose nettement que: «Quiconque, sciemment, recèle en tout ou en partie, des choses enlevées, détournées ou obtenues à l´aide d´un crime ou d´un délit, est puni d´une emprisonnement de un an et cinq ans au plus, et d´une amende de cinq cents à vingt mille dinars. L´amende peut même être élevée au-delà des vingt mille dinars, jusqu´à la moitié de la valeur des objets recelés. Le coupable peut en outre, être frappé pour un an au moins et cinq ans au plus de l´interdiction d´un ou plusieurs des droits mentionnés à l´article 14 du présent code. Le tout sans préjudice de plus fortes peines, s´il y échet, en cas de complicité de crime, conformément aux articles 42, 43 et 44.» Le jeune Lamari, le parquetier, s´était référé à l´article 387 estimant que dans ce dossier, tout menait droit vers cet article sans aucune ambiguïté. «La loi est faite pour être appliquée. Nous n´avons rien inventé. Il reste au tribunal de servir la cause de ce dossier où il ne manque rien pour pouvoir laisser aller l´honorable défenseur y mettre la main sans crainte d´être stoppé dans son élan. Maître Zebiri ricane mais ne sourit pas, car il vient de s´apercevoir que le jeune parquetier avait refermé le registre, histoire de mettre un terme au dialogue de sourds. Kassoul, elle qui adore l´escrime à la barre alors qu´elle n´aime pas que les parties bavardent plus qu´elles ne répondent aux questions du tribunal, avait vite fait de demander au détenu de dire le traditionnel dernier mot permis par la loi. Et ce pauvre bougre de dire plus d´un mot. «Je n´ai pas envie de retourner en prison. Donnez-moi un sursis et je...», marmonne l´inculpé. La présidente est presque heureuse: «Il y en a à votre place qui demandent la relaxe. C´est bon. Attendez la sentence mardi prochain. Allez! Policiers, accompagnez-le aux geôles.» Maître Zebiri, lui, qui avait vite ramassé ses affaires, avait déjà une idée sur le verdict. Heureux d´avoir fait ce qu´il avait à faire, avait gardé le sourire lancé en direction de Maître Mahmoud Nouri assis sagement au côté de Maître Hadj Tidjani Aïssaoui bien installé sur ses ergots, lui, qui a longtemps été juge du siège dans cette juridiction.