«La solidarité n´existe pas: n´existe qu´une coalition d´égoïsmes. Chacun reste avec les autres pour se sauver soi-même.» Francesco Alberoni Extrait de Vie publique et vie privée Venu présenter les grandes lignes de son secteur au Forum de l´Entv, le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté algérienne à l´étranger, Djamel Ould Abbès, a été sauvé par le gong, alors que toute la presse attendait au tournant le ministre le plus exposé à quitter le gouvernement, pour évoquer la question lancinante des SDF, les enfants de la tragédie nationale ou les harraga. Il faut dire que la Télévision a tout fait pour sauver le ministre de la déroute médiatique. Contrairement à son habitude, le forum animé par Soraya Bouaâmama a été diffusé en direct sur Canal Algérie, alors que d´habitude ce programme n´était pas diffusé sur la chaine francophone de l´Entv. En réalité, ce changement avait pour objectif de diffuser les messages du ministre directement à la communauté algérienne vivant en Europe et qui regarde plus Canal Algérie que A3. Et pour faire passer des messages sans encombre et surtout sans polémique, l´Entv lui a défriché le terrain en empêchant tout journaliste gênant issu de la presse privée d´être présent sur le plateau pour poser des questions. Aucun journaliste de la presse arabophone et de la presse francophone connues pour leurs critiques sévères concernant la politique de solidarité nationale prônée par Ould Abbès. Pour répondre aux questions faciles et sans gêne, le ministre a fait face avec un grand sourire à une pléiade de journalistes de la presse publique et quelques journalistes de la Télévision, qui participaient même pour la première fois au Forum. Pourquoi l´Entv n´a pas convié les journalistes d´El Khabar, d´Echourouk, d´El Watan, du Soir d´Algérie et de L´Expression qui révèlent chaque jour les cas de drames d´Algériens et qui soulèvent souvent le manque flagrant de stratégie en matière de solidarité en Algérie. Pis encore, la Télévision a même dépêché le correspondant de l´Entv en France, Samir Chaâbna et l´animatrice de l´émission TV Rama de Canal Algérie, pour poser des questions au ministre de la Solidarité. La Télévision serait-elle en panne de journalistes? D´autant plus que l´émission est organisée par le service de l´information et non par celui de la production. Il ne manquait que Linda Tamadrari avec son karakou! Même si les deux journalistes en question sont souvent en contact avec la communauté algérienne à l´étranger, il est important et déontologique que les questions soient posées par des journalistes de la nationale. Il est clair que tout a été conçu pour mettre à l´aise le ministre pour qu´il puisse donner libre cours à ses exposés rhétoriques. Heureusement qu´il y avait un représentant de presse de La Tribune pour critiquer avec gentillesse le ministre et Soraya Bouaâmama, visiblement dépassée par cette politique, pour lancer de temps à autre, des questions gênantes, car à la Télévision, il y a encore beaucoup de compétences inexploitées. [email protected]