Le documentaire poursuit deux objectifs, donner d'alarme et faire connaître, le patrimoine algérien au monde anglo-saxon. Dans les années 50, des découvertes archéologiques ont été faites dans le Sud algérien, dont une inestimable collection de peintures rupestres. Cependant, leurs propriétaires véritables, les Touaregs, n'ont pu en tirer profit puisqu'ils ont été vite «expropriés», voire dépossédés, de leur héritage. The lesser gods of the Sahara (que l'on peut traduire par “les moindres dieux du Sahara”) est le nom du livre de l'archéologue et anthropologue Jeremy Keenan, mais aussi le titre de son prochain documentaire. Cependant, on ne peut parler du documentaire sans évoquer son concepteur. Jeremy Keenan est l'un des plus grands explorateurs du Sud algérien. Lors de son séjour en Algérie, plus exactement dans les années 70, il s'est consacré à travailler dans cette région, il a participé aux travaux de recherche sur son histoire et ses natifs Touareg. A travers ce documentaire de 52 minutes, M.Keenan relate l'histoire de la découverte des gravures et peintures rupestres du Tassili et de l'Ahaggar, durant les années 50. Son objectif est de faire connaître au monde entier ce que cache ce riche patrimoine algérien et de trouver le moyen de le préserver et de le sauvegarder. En raison des dessertes limitées entre Londres et Alger, M.Keenan n'est arrivé qu'hier soir, c'est-à-dire quelques heures après la conférence de presse. Pour mieux éclairer ce projet, Michael Bonnello et Guy Williams de la société Adam Picturebox productions, de Malte, et Boualem Aïssaoui de la société Cim Audiovisuel associé à la réalisation du projet ont assisté à la rencontre. «Ce que nous voulons faire à travers cette projection du film documentaire ce n'est pas de montrer uniquement le côté esthétique de ces sites rupestres dont jouit le Sud algérien, mais c'est de savoir le pourquoi de la disparition de ces oeuvres d'art, et d'en identifier les responsables», a-t-il martelé. M.Bonello a souligné en effet que «ce documentaire est avant tout un travail d'investigation qui nécessiterait de prime- abord de recueillir les témoignages de toutes les personnes qui étaient chargées de veiller sur ce patrimoine, sans oublier évidemment la mobilisation de tous les secteurs concernés». Et d'ajouter: «Après avoir terminé la réalisation du documentaire qui devrait débuter vers la mi-septembre prochain, il sera diffusé sur les plus grandes chaînes de télévisions anglo-saxonnes «câble et satellite» telles que National Geographic aux USA ainsi que Channel Four et Arte en Europe, et sera, probablement, projeté lors du festival de Cannes». Interrogé par l'un de nos confrères sur l'apport des institutions internationales dans la réalisation du documentaire, M.Bonello assure que Jeremy Keenan n'a pas omis d'alerter toutes les institutions et les ONG dont (Anthropology Royal Institute) qui, tout en saluant cette initiative, aurait souhaité, toutefois, que celle-ci soit réalisée en 1958, c'est-à-dire lorsque Adam Picturebox Productions avait déjà entamé, à l'époque, son enquête dans les musées français et n'avait rien trouvé. Quoi qu'il en soit, l'initiative existe, mais pourquoi faut-il attendre à chaque fois que ce soit des étrangers qui prennent les devants pour défendre nos intérêts, même si, par ailleurs, il existe quelques réalisateurs qui ont essayé de transmettre le message pour la protection du patrimoine à travers la réalisation de documentaire, à l'instar de Boualem Aïssaoui, Benmokhtar Rabia, et d'autres, mais la volonté est demeurée malheureusement insuffisante. Aujourd'hui, la question qui taraude les esprits est de savoir si ce manque de détermination de la part des responsables concernés est dû au fait que nous ne sommes pas capables d'aller jusqu'au bout de nos idées ou sommes-nous tout simplement atteints par ce qu'on appelle le syndrome de la mentalité d'assisté?