«Le linge sale se lave en famille.» Adage français Comme il fallait s´y attendre, c´est un chanteur algérien de renom qui a fait la Une des journaux télévisés internationaux et surtout français hier, volant ainsi pour la première fois la vedette à Michael Jackson et son histoire d´enterrement. La justice française a vite fait pour condamner Cheb Mami à 5 ans de prison ferme, la veille de la célébration de la Fête de l´Indépendance et de la Jeunesse un 5 juillet. Les télévisions françaises, à leur tête TF1, M6, Canal+ et France Télévisions, ont accordé leur Une pour cette affaire judiciaire, la première condamnant un artiste algérien. Tous les commentaires ont desservi l´enfant de Saïda et noirci son tableau aux yeux de ses fans et de ses admirateurs. Cette affaire, déclenchée la veille de la sortie de son dernier album, sent le roussi. Il n´y a jamais de fumée sans feu. Toute la presse française a cité le chanteur algérien Mami, mais a omis de citer le nom de son manager, Michel Levy, considéré par la défense comme le principal instigateur et surtout celui qui l´a enfoncé dans cette affaire. Il est formellement interdit de citer en mal un «Levy» (nom de famille très utilisé par les juifs) dans les chaînes de télévision française. Seul Mami, le chanteur algérien, était cité dans les sujets, comme pour casser l´image d´un pays, seul producteur naturel de chebs dans le monde. Ce n´est pas la première fois qu´un artiste algérien est traîné dans les eaux de la Seine par la presse française. Khaled avait été également critiqué par la presse quand sa femme avait déposé plainte contre lui pour coups et blessures. Et pourtant, c´est Khaled et Mami qui ont réussi, en l´espace de deux décennies, à faire d´une musique de bars et de cabarets, le symbole de la réussite musicale algérienne sur le plan international. Eux qui n´ont jamais poursuivi leurs études et qui n´ont que la voix comme moyen d´expression. Grâce à eux, le raï est devenu le porte-drapeau de la chanson algérienne et une marque déposée par les chebs et les chebas dans les bacs des plus grands magasins de la planète. C´est un peu grâce à la réussite de Cheb Mami et de Khaled que Zahouania, Chikha Rimiti, Chikha Djenia et Chaba Djanet sont sorties des fêtes et des cabarets pour gagner le panthéon des stars de la world-music et de se produire sur des scènes à Los Angeles, Paris et New York. C´est un peu grâce à Mami et Khaled que Bilel et Hassen ont percé à Marseille et que Faudel est sorti du lot des artistes français. Serait-il connu si le raï n´avait pas été imposé par la chanson de Khaled: Aïcha et Didi ou par Désert Rose, le tube planétaire de Mami avec Sting. Les médias peuvent détruire un artiste, comme ils l´ont fait avec Michael Jackson en l´accusant de pédophile, alors que l´artiste a été innocenté par la victime elle-même quelques jours après sa mort. Si l´acharnement de la presse française est quelque part justifié, on s´interroge sur le silence des autorités et de la télévision sur le cas Mami et même d´un semblant de solidarité des artistes algériens. Faut-il jeter tous les chanteurs algériens en prison pour comprendre, comme ce fut le cas pour Kamel Zaïdi, un chanteur harrag qui a été arrêté le 3 février 2009 et mis au centre de détention (Mesnil Amelot, près de Roissy) pendant plus d´un mois, avant d´être relâché à la suite d´une mobilisation sans précédant des Algériens vivant en France? [email protected]