«Le public est le capital d´un cinéaste indépendant» Claude Lelouch Si vous ne le savez pas encore, l´Algérie accueille le Festival international d´Alger du 6 au 19 juillet, un festival qui a bénéficié de quatre salles et quatre cinébus itinérants à travers quatre wilayas. Un Festival international où ne sont programmés que les Africains qui sont invités dans le cadre du Panaf. Aucune nouvelle production algérienne ou internationale n´est présentée à l´occasion de ce Festival international. Pour l´ouverture de ce festival, les organisateurs ont cru bon programmer le monstre sacré du cinéma algérien: Mohamed Lakhdar Hamina et son film Vent des Aurès, premier prix pour le cinéma algérien à Cannes en 1966, et le jeune loup du cinéma algérien, Khaled Benaïssa et son court métrage Sektou, qui a décroché le prix du meilleur court métrage au dernier Fespaco. Première panne de l´organisation, Vent des Aurès a été projeté en l´absence du réalisateur Lakhdar Hamina, et des comédiens principaux: Keltoum et Mohamed Chouikh, tous deux malades et qui nécessitaient bien des égards. Au lieu de quoi, c´est Khaled Benaïssa, un jeune loup du cinéma algérien, qui a pris la vedette et qui est en train de «s´imposer» grâce au soutien du ministère de la Culture en décrochant tous les projets cinématographiques accordés à cette nouvelle génération, celle de la production de court métrage et surtout de premier assistant dans le documentaire officiel du Panaf, réalisé par l´inconnu Kherroubi et le célèbre producteur Salem Brahimi. Le Festival international d´Alger est passé inaperçu, comme l´est le cinéma algérien sur la scène internationale. Absence du public lors des projections et surtout des cinéastes algériens, visiblement ignorés et pas informés par les organisateurs. Ainsi, les films des grands cinéastes algériens sont absents de la programmation du Festival du Panaf: Mohamed Lakhdar Hamina, Merzak Allouache, Nadir Moknache, Belkacem Hadjadj et surtout Ahmed Rachedi qui a vu son dernier Benboulaïd sélectionné au prochain Festival du film arabe d´Oran, absent du programme du Festival Panaf. Que reste-t-il alors à voir dans le cinéma algérien? Mascarades de Lyès Salem, qui vient de sortir en DVD à Alger et qui n´a pas le succès escompté, le film Leïla et les autres en l´absence de son réalisateur Sid-Ali Mazif ou encore le Moineau de Youcef Chahine en l´absence de Mariane et Gabriel Khouri, les héritiers du patrimoine cinématographique de Youcef Chahine. Mais où sont passés les Abdou B., Boudjemaâ Karèche ou encore les Amar Laskri, Bachir Derraïs, Mahmoud Zemmouri, qui ont contribué eux aussi à l´essor du cinéma et qui se retrouvent aujourd´hui ignorés et exclus d´une manifestation qui était censée leur appartenir? Le cinéma algérien est plus que jamais divisé en associations, en mouvements et en clans, partagé entre soutien de la ministre de la Culture et de l´Entv, entre les partisans de Toumi et les anciens amis de HHC. Cette situation est due à la dépendance financière des réalisateurs qui fait qu´à un moment donné ou à un autre, il faut choisir un camp au détriment de l´autre. [email protected]