Les 120 réalisateurs africains qui ont assisté au colloque de deux jours qui s'est tenu vendredi et samedi à l'hôtel Aurassi étaient tous pratiquement d'accord sur le fait que l'industrie du cinéma n'existait nulle part en Afrique et que les films qui se font grâce à quelques initiatives " courageuses ", manquent d'attrait. " Quels modèles d'avenir pour le cinéma africain" : c'était la thématique générale de ce rendez-vous durant lequel il fallait penser à la manière la plus efficace pour que le continent ait son propre cinéma.Ce qu'il en ressort surtout, c'est que les pays d'Afrique ont dans ce domaine là, les mêmes problèmes : fermeture en cascade des salles de cinéma, absence d'école de cinéma, absence d'aide, absence d'industrie cinématographique tout court. Cela est lié bien sûr aux décolonisations qu'ont connues la plupart des pays africains dont les gouvernants n'ont pas su préserver les outils de production mis en place par les colons (salles, boite de production, etc… " sans oublier les prêts du FMI dans les années 90 qui ont poussé la plupart de ces contrées à sacrifier cette industrie au détriment des autres. Voilà pour la mémoire. Maintenant et ce n'est pas la première fois, les cinéastes veulent une relance rapide de ce secteur qu'il voudront tout à fait africain donc identitaire, chose qui n'existe pas en Europe par exemple ; il n'y a pas de cinéma de l'UE, chaque pays à ses films et c'est tout. Mais comment relancer ce cinéma : sans discursser il faut de l'argent, beaucoup d'argent et beaucoup de volonté politique. Ce colloque qui se fait dans le cadre du Panaf est une sorte de cellule de réflexion autour de l'avenir du cinéma africain, mais aussi une sorte de rendez-vous préliminaire ou préparatoire des assises du cinéma qui se tiendront en 2010. Pour avoir son 7ème art, il ne faut pas seulement des films mais des outils solides de production et de diffusion pas seulement au niveau local mais international.Au cours de la séance d'ouverture, le cinéaste Johnson Traoré, membre du Jury du cinéma, a annoncé les noms des scénaristes qui ont été choisis pour bénéficier d'un financement pour la réalisation de leurs films. Il s'agit de quatre courts-métrages et quatre autres longs-métrages de fiction en plus de deux scénarios choisis par le Jury présidé par le critique cinématographique algérien, Ahmed Bedjaoui. Selon M. Traoré, 33 scénarios écrits par des scénaristes de plusieurs pays africains ont été au centre de ce concours organisé dans le cadre du Panaf 2009. Le Jury a également accepté la contribution de TV5 Monde pour l'octroi de deux bourses d'études à de jeunes scénaristes algériens. Après délibération, le jury a retenu les projets suivants: Le silence de l'aïeul de Mariama Sylla (Sénégal) et La vie est ici de Mweze. D. Ngangura (République Démocratique du Congo) pour la pertinence des sujets traités, au regard du devoir de mémoire et des préoccupations sociales du moment.Composé de Ahmed Bejaoui (président), Zehira Yahi, Mahama Johnson Traore, Charles Mensah, Noureddine Touazi et Mahmoud Ben Mahmoud, le jury a donc retenu 4 courts-métrages et 4 longs- métrages, à savoir: Bakassa de Auguste Kouemo Yanghu (cameroun), Elle s'amuse de Nadine Otsobogo (Gabon), La petite maman de Thierno Ibrahima Sane (Sénégal) et le Stade de Ala Eddine Slim (Tunisie). Les longs-métrages sont: Segoufanga de Mambaye Coulibany (Mali), La bague de mariage de Rahmatou Keita (Niger), Sokho de Marie KA (Sénégal) et Al Ziara ou lune noire de Nawfel Saheb-Ettanba (Tunisie).Intertitre : Le Festival international du cinéma d'Alger sera annuelLe Festival international du cinéma d'Alger, qui se tieint cette année en même temps que le Panaf sera annuel. C'est ce qu'a indiqué le chef de département cinéma au Panaf, Mourad Aït Oumeziane en expliquant que " l'Algérie est devenue un "carrefour culturel" du continent africain car, en plus du cinéma, d'autres genres d'Arts sont présents dans différentes villes du pays, allant du théâtre, à la musique en passant par la danse sans oublier les colloques et rencontres consacrés à la culture africaine ". Selon lui l'Algérie qui souffrait son isolement durant la décennie noire, accueille les cinéastes africains des différents horizons, ce qui permettra au grand public et aux spécialistes de savourer les productions cinématographiques de réalisateurs de renommée du continent. Le chef de département cinéma, a soutenu durant cette manifestation qui se déroule sous le thème " Panorama du cinéma africain ", que les films primés au du festival panafricain de Ouagadougou (Fespaco) seront projetés ainsi que d'anciennes et récentes productions algériennes, dont " Le vent des Aurès " de Mohamed Lakhdar Hamina (1966) ou encore " Sektou " de Khaled Benaïssa (2009). Rappelant que l'Algérie a toujours soutenu les mouvements de libération en Afrique, Aït Oumeziane a relevé que des films traitant de ce thème ont été produits, à l'exemple du documentaire de Lamine Merbah " l'Algérie terre d'accueil des mouvements de libération africains " et un autre documentaire d'Afrique du Sud intitulé " L'Algérie et les mouvements de libération africains" . Quant au documentaire consacré au Panaf-2009, il sera réalisé par l'Algérien Chergui Kharoubi, a précisé Aït-Oumeziane. Le Festival international du cinéma d'Alger (6 au 19 juillet) verra la projection de plus de 120 films de fiction et documentaires, à savoir 88 long-métrages étrangers, 29 films algériens et 13 courts-métrages africains et afro-américains. Les projections sont prévues dans six lieux dont les quatre salles de cinéma de l'Office Ryadh El Feth (Cosmos, Alpha, Beta et Mohamed-Zinet) ainsi que deux chapiteaux installés au parc zoologique de Ben Aknoun et à Rouiba. A cela s'ajoutent quatre ciné-bus itinérants à travers les wilayas d'Alger, Blida, Boumerdes et Tipaza. Rebbouh H