L´immense Maître Samir Sidi Saïd est monté sur un ring pour boxer le mépris. Madjid S. est un jeune inculpé d´usage de faux qui est debout face à Sihem Bechiri la présidente du pénal. Il ne peut pas exprimer ce qu´il a à dire pour sa défense. Ses propos sont incohérents. Akila Bouacha la procureure de l´audience ouvre grands les oreilles juste pour saisir ce que le détenu veut exactement expliquer au tribunal. «On vous a pris dans les locaux de l´ambassade avec le faux document?» demande la juge, le regard fixe et sûr. «Je ne sais pas lire et distinguer un faux document d´un vrai. On m´a délivré ce document après que j´eus fourni un gros dossier et payé les frais», répond le gosse qui revient sur un «coup monté» car il ne comprend pas ce qui lui arrive. Bouacha réclame une peine de prison ferme de un an et une amende. Maître Samir Sidi Saïd aborde le faux et son usage en mettant en valeur le fait que son client a été pris dans l´enceinte d´une ambassade européenne en vue d´obtenir un visa. «Ce gamin de vingt-quatre ans qui a remis un dossier solide non falsifié aux services consulaires, s´est vu signifier le délit qu´il n´ a jamais commis. Son seul souci était de quitter l´Algérie pour ce qu´il croit être l´eldorado. Une idée fixe qui ne laisse pas penser à autre chose. Ce dossier est mal ficelé. On a dénaturé des faits du côté de la police. Nous ignorons le pourquoi, mais une chose est certaine, à l´intérieur des ambassades, on fait du bizness pour faciliter le visa» s´est écrié l´immense conseil qui a regretté que l´instruction ait été très mal menée. «On n´ira pas jusqu´à vérifier le faux, la liberté des citoyens est en jeu et le tribunal saura trier le dossier. Il s´apercevra que c´est grossier comme faux», a crié Maître Sidi Saïd qui a ajouté le ton haut et la voix aiguë, portante, qu´un jeune qui veut s´inviter chez les autres ne peut prendre le risque de se brûler avec les hôtes et les nationaux. «Tous nos jeunes savent très bien ce que c´est que la lourde responsabilité de fournir un dossier contenant un document "out" faux et assassin», a conclu l´avocat qui a séduit le tribunal et l´assistance en ne demandant que la relaxe. A l´issue de la courte mise en examen, le jeune justiciable était sur un tapis volant car la relaxe avait été prononcée au grand bonheur aussi de l´avocat et des fans de justice équitable. Oui, mais, et si le «gosse» était tombé entre les mains d´un juge...mon Dieu, mieux vaut ne pas y penser!