Il y a des dossiers qui tuent. Ils tuent les inculpés, les victimes, les magistrats et les...avocats: follow me: M´hamed L. est chef de service à l´APC de Douéra. Il a écopé d´une peine de prison ferme pour faux sur un document administratif. «Vous aviez signé ce document?» insiste d´emblée Fatiha Brahimi, la juge de Blida. «Oui, je l´ai fait en toute bonne foi. C´est un document à lire et à signer sur place. Nous ne le gardons pas à notre niveau.» Ali A., lui aussi condamné à Chéraga, dit ignorer tout de ce dossier. «En 2008, je n´étais plus en poste» mâchonne-t-il, l´oeil humide depuis qu´il a vu sa moitié, sa soeur et sa fille aînée assises parmi l´assistance sur un volcan d´où peuvent s´échapper les laves d´une condamnation confirmée. Mohamed R. employé à l´APC affirme jeter un oeil sur tout document qu´il n´a ni rempli, ni signé. «Mais c´est vous le responsable. En remettant un document à votre chef de service, M´hamed L. vous deviez vérifier le contenu de tout document et donner votre accord», souligne la présidente qui ne va plus suivre le prévenu lorsqu´il affirme que ce document signé par ses soins, n´a pas été rempli pas ses soins. Les trois avocats vont sauter au cou du faux contenu au sein de la carte grise délivrée à Tissemsilt. «Ni la résidence ni les extraits de naissance ne sont des faux. Tous les documents signés l´ont été à la lecture de la carte grise». «La conformité avait été établie à Tissemsilt», dira Maître Tahar Moussi le premier plaideur. Le deuxième défenseur s´appliquera à souligner que le certificat de résidence n´est pas faux. «Et c´est ce document qui est derrière les poursuites de mon client. Le juge d´instruction a-t-il pris soin de mieux examiner le document et au mieux aller vers l´expertise?», s´exclamera Maître Saïd Mebni, l´avocat de M´hamed L. qui réclame expressément la relaxe. Motivé au plus haut point mais calme, Maître Mehdi Nouas, le défenseur du troisième prévenu va droit au but: «A Rostomia, l´expertise a donné la carte grise, fausse, aucun autre document ne l´a été. Trop de bruit sur du vent. Il est demandé aux magistrats de cette chambre correctionnelle de mieux examiner ce dossier car la défense est plus que convaincue que si l´instruction avait été mieux menée, nous n´en serions pas là», s´est, cette fois écrié sans s´emporter, Maître Nouas Jr qui avait saisi l´attention du trio de juges en ne risquant pas de déborder sur le sujet du jour, sachant que cette sacrée présidente n´est pas n´importe qui et qui sait stopper au bon moment, tout plaideur qui va à la dérive en direction de la haute impasse dénommée à juste titre «Mur en béton armé!» C´est pourquoi d´ailleurs, elle avait interrompu le jeune avocat de Koléa pour lui rappeler tout simplement quelques termes de l´article 222 du Code pénal, article portant sur «le faux commis dans certains documents administratifs et certificats», évoquant les verbes:«contrefaire, falsifier, altérer...» Et ici, nous avions des fonctionnaires qui ont rempli des documents et qui viennent nous dire ce dimanche pour le premier, qu´il l´avait fait de bonne foi, pour le deuxième qu´il ne fait que jeter un oeil, allant jusqu´à se terrer derrière les concepts de: «je n´ai ni rempli ni signé». «Continuez, Maître. Cette mise au point était nécessaire car chacun a fait quelque chose qui est apparu et qui sera très bien examiné lors de la mise en examen», dit-elle, le regard net, haut. Il ne restera plus à Maître Nouas qu´à achever sa plaidoirie par la demande de la relaxe, convaincu encore une fois, que ce dossier est vide. Un large sourire illuminant son beau visage, Fatiha Brahimi, la présidente avait même donné la nette impression d´être soulagée de ce dossier en annonçant la mise en examen sous huitaine.