Le patron de l´usine pointe l´index sur son collaborateur. Bouziani, elle, en juge avisée, préfère prendre du recul avant de... Calmement, sans se précipiter, autant que la victime, le détenu répondait à toutes les questions. Il est vrai aussi que le patron semblait être affecté en voyant le statut de son ancien aide de camp. «Il avait tout entre les mains. Il payait les travailleurs, l´électricité, le gaz, l´eau, les impôts. Il y a des jours où je lui remettais cent millions de centimes. Un autre jour, dix millions de centimes. Un après-midi en pleine semaine, trente millions. Je lui faisais une confiance sans limite», avait-il déclaré. «Et alors, où est donc le problème?», demande Bouziani comme tétanisée car cette magistrate a horreur d´infliger du ferme, mais appliquant la loi, elle effectue son boulot avec le dossier qu´elle a entre les mains et ce dossier ne peut donner que ce qu´il a! D´ailleurs, ne manquons pas l´occasion de rendre hommage à la présidente pour son courage tout au long des débats, surtout lorsqu´elle relève au passage, des mots qui risquent de mener aux maux! Même si elle avait, il est utile et très bon de le souligner, en face d´elle, un boss et son employé très corrects dans leur tenue à la barre et surtout le fair-play qui a plané durant les trois quarts d´heure de débat, on relevait le niveau d´un bon procès où l´inculpé était armé d´un sang-froid propre aux... innocents! La victime, elle, un parfait businessman, élégamment nippé, a eu, lui aussi, la présence d´esprit de répondre aux questions de la présidente avec beaucoup de calme, refusant l´affrontement, les mots déplacés et c´est tout à son honneur.Malheureusement pour lui, il n´a ni témoin, ni preuves palpables pour expédier en taule le jeune inculpé pour un bon bout de temps. En mettant en examen, Radja Bouziani, la présidente a préféré mieux examiner (et le mot n´est pas de trop!) cette triste affaire et préserver les intérêts des uns et des autres. Et dans ce domaine, Radja se comporte telle une... Rani, l´épouse d´un... Radja! Tiens, tiens! Triste histoire mettant en cause un commis-secrétaire-assistant-comptable-faiseur de tout ce qui peut alléger la marche des services d´une usine d´un privé, s´était déroulée ce dimanche, à El Harrach face à Radja Bouziani, la juge de la section correctionnelle. Et le jeune mis en cause par le boss de l´unité a fortement nié le vol d´une somme qui aurait dû regagner le coffre-fort de la société. Sobrement et avec beaucoup d´amertume, le patron de l´usine a longuement disserté sur la marche et la démarche de la société alors que cette jeune magistrate s´était attelée à instaurer une démarche où seules les questions posées par le tribunal étaient de rigueur. D´emblée, la présidente avait sonné l´hallali du bavardage. Avec la victime, elle a fonctionné sur des questions précises Avec le détenu, elle ne voulait que des «oui» ou des «non». Avec le témoin, elle a proscrit les «je crois que» «il paraît que...» ou encore «peut-être bien». C´était clair et net, comme cette bonne question qui allait être la clé de voûte du procès: «Ecoutez, témoin, vous êtes seuls tous les deux dans le bureau où se trouve le coffre-fort. Durant tout le temps passé ensemble, aviez-vous vu une seule fois le détenu ouvrir le coffre-fort ou même s´en approcher?», avait-elle articulé. «Non, jamais, je ne l´ai vu ouvrir le coffre-fort.» Ali Marich Mohammed, le représentant du ministère public, hoche la tête même s´il demandera plus tard une peine de prison ferme de deux ans.