Ils protesteront contre l'avancée de l'économie souterraine. Les commerçants réunis, hier au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, ont décidé, à l'issue d'une assemblée générale des représentants de commerçants au niveau de toutes les communes de la wilaya d'Alger, de recourir «dans les prochains jours» à une grève pour protester contre l'avancée du marché informel. La date du débrayage ainsi que sa durée n'ont pas été encore fixées. Elles seront incessamment communiquées au public, a souligné Mokhtar Richane, secrétaire général wilayal du bureau exécutif au niveau d'Alger. Les commerçants en colère se sont aussi insurgés contre le laxisme des pouvoirs publics qui continuent d'observer un silence radio face au développement tentaculaire des pratiques liées au marché noir alors qu'ils n'ont cessé à plusieurs reprises de tirer la sonnette d'alarme. En effet, le marché informel avance à pas de géant et vient grignoter chaque jour l'espace des commerçants qui exercent en toute légalité. «Cette année, il y a près de 260 marchés informels dans la wilaya d'Alger, contre 132 pour l'année dernière» indiquera d'ailleurs Mokhtar Richane. «Où sont les responsables?» s'interroge ce dernier. Il a résulté de cette situation une concurrence déloyale. «Nos chiffres d'affaires accusent les niveaux les plus bas, si nous ne prenons pas cette décision dans l'union, nous allons bientôt baisser rideau», ont clamé tour à tour ces représentants qui ont défilé devant la tribune. En outre, les commerçants se plaignent aussi d'être l'objet d'un harcèlement fiscal. «On nous envoie des huissiers de justice et des mises en demeure alors que nous montrons de la disponibilité à payer pour peu qu'on nous accorde du temps». Et d'ajouter: «L'imposition est sans commune mesure avec les gains que nous réalisons. Tandis que nos affaires périclitent à cause de la concurrence déloyale, les marchands de l'informel continuent à vaquer à leurs occupations sans qu'ils soient nullement inquiétés.» Les commerçants dénoncent aussi «certains importateurs et grossistes qui écoulent leurs marchandises sur le marché parallèle». Tirant la sonnette d'alarme, ils attirent l'attention sur «l'insécurité alimentaire qui grandit chaque jour, et fait planer une grave menace sur la santé publique.» «Il y a, ajoutent-ils des gens qui s'approvisionnent dans des décharges publiques, dans les tas d'ordures pour venir ensuite écouler sur le marché des tomates pourries et de la confiture périmée». «Face à cette situation, le commerçant ne sait plus à quel saint se vouer, il se demande s'il va travailler le jour ou la nuit, rejoindre ou pas le marché parallèle pour pouvoir vendre et réaliser des profits. Nous avons frappé à toutes les portes. Le ministère de l'Intérieur, la Dgsn, le wali délégué, les APC ont été destinataires de plusieurs lettres». L'orateur exhibe devant l'assistance la dernière lettre envoyée à l'exécutif de wilaya demeurée sans suite». «Les APC, poursuit-il, nous déclarent qu'étant démunies de moyens et de prérogatives, elles ne peuvent rien faire, les forces de sécurité disent qu'elles n'ont pas reçu d'instructions pour agir et la DCP ne daigne pas bouger le doigt». Pourtant les commerçants n'ont pas manqué d'imagination, ils ont fait des propositions pour contribuer à la lutte contre le marché noir. Ils ont souhaité voir les APC organiser le marché en régularisant la situation de tous les marchands à la sauvette. Par exemple, cette association des commerçants dénommée «Al Amel» de Birtouta propose de contribuer à hauteur de 2 milliards de centimes à la réalisation d'un marché couvert pour peu que l'APC daigne fournir le terrain d'assiette. Ce projet, s'il venait à voir le jour, permettrait d'éradiquer l'informel, déclarent ces commerçants. Mais constatent-ils amèrement «notre proposition est demeurée lettre morte».