Le maire de Baba Hassen (Alger) est dans de beaux draps. Il risque une peine de quatre ans de prison ferme...L´entrepreneur, lui... Etiez-vous obligé, vous président de l´APC de Baba Hassen de débrouiller un terrain pour que Monsieur l´entrepreneur, ici présent, soit inculpé d´atteinte à la propriété agricole? L´inculpé, remis d´emblée à l´ordre par Nadia Mamèche, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boufarik (cour de Blida) pour se tenir correctement à la barre par respect au tribunal, nie l´inculpation qui est prévue et punie par l´article 286 du Code pénal, qui traite de l´atteinte aux biens immeubles et prévoit une peine d´emprisonnement de un an à cinq ans et d´une amende de deux mille à vingt mille dinars quiconque...dépossède autrui d´un bien immeuble. Younès, le second inculpé-entrepreneur de son état, nie à son tour avoir dégradé les lieux. «J´ai d´abord nettoyé ce lieu de décharge pour entreposer mon matériel et en faire une base-vie», reconnaît l´inculpé qui nie avoir creusé. La juge soutient le contraire et affirme avoir sous la main et sous les yeux les preuves. «Il y a eu des creusements. Ne me démentez pas. Le procès-verbal de constat des dits travaux de nuit est dans le dossier, alors de grâce, n´aggravez pas les choses-Soyez corrects.» Khaled Kouchih, le procureur, va poser une vingtaine de questions pour aller au délit du jour. Cela deviendra vite un dialogue parquet-inculpés sous l´oeil, vigilant de la présidente tolérante mais sur ses gardes, car le maire a beaucoup de verbe dans ses réponses. Des réponses qui n´ont aucunement convaincu et la présidente, et le représentant du ministère public qui, plus tard, avant de réclamer de lourdes peines, avait flétri les actions du maire qui n´avait pas à servir sur un plateau l´entrepreneur. Passant à l´absence d´autorisation de creusement d´un bassin d´eau pour la base-vie, Kouchih emmène par la main les deux inculpés à reconnaître les faits reprochés. L´entrepreneur dit même ses regrets d´avoir entrepris les opérations de nettoyage dudit terrain et revient sur sa détermination à ne pas reconnaître avoir creusé. «Tout ce que je peux reconnaître, c´est d´avoir pensé à aménager une piscine dans la base-vie car l´été est rude dans la région...», murmura-t-il plutôt effarouché. «Quatre ans et une amende de vingt mille dinars pour atteinte sur un terrain appartenant à autrui et une autre peine de prison ferme de deux ans et vingt mille dinars d´amende car on ne peut pas s´amuser impunément avec le bien d´autrui même si on est premier, magistrat du pays.» Ce sont là les propos du jeune procureur de l´audience, Khaled Kouchih, qui avait visiblement une vue nette sur ce dossier prenant à coeur le colossal travail des gendarmes qui avaient, entre autres, eu le mérite de découvrir les travaux de nuit sur le terrain agricole. Il faut dire ici, qu´en matière de pouvoir d´un élu et donc du premier élu de la commune, il n´y a aucune trace dans les lois, qui prévoit un coup de main du maire en direction d´un entrepreneur qui s´engage, via un cahier des charges, à respecter les délais et à se débrouiller pour mener à bien les travaux et ne pas attendre de l´APC une autre aide, de quelque nature que ce soit. Et pour revenir aux faits du jour, le maire de Baba Hassen a, à travers son coup de pouce en direction de l´entrepreneur bénéficiaire de projets locaux, soulevé un tollé local et des élus se sont énergiquement élevés contre cette dangereuse entreprise et certains ont même soutenu les poursuites, mais ont préféré ne pas se déplacer au tribunal, restant en retrait, le temps que la justice fasse son travail, surtout qu´une majorité de citoyens est prête à montrer de l´index nos juges, craignant de lourdes interventions pour blanchir les inculpés «protégés» par des forces obscures. Mais depuis notre position, rassurons cette «secte» de citoyens qui ne croient pas en notre justice ce que la nouvelle race de jeunes magistrats dont beaucoup ne veulent pas s´embourber dans les jeux de coulisses mais veulent surtout percer et arriver vite à une place au soleil, comme ce Djamel Gasmi, qui a trente-quatre ans et est président du tribunal de Bab El Oued.