Yamina Ammi, la juge de Blida a décrété que seul un médecin peut affirmer qu´un tel est malade. Elle a raison... Maître Ezzeraïmi, l´avocat de Mohammed Amine, l´inculpé de coups et blessures volontaires à l´aide d´une arme blanche, qui risque plus que gros, car la victime, Lotfi N., un voisin-ami-camarade-copain s´était absenté et donc si cette merveilleuse présidente de la section correctionnelle du tribunal de Blida avait estimé nécessaire la présence de la victime, Mohammed Amine, qui prétend être malade, aurait vu son procès être renvoyé et donc n´était pas sorti de l´auberge des poursuites des convocations et surtout de ces fastidieuses attentes en pleine canicule. Yamina Ammi, la juge de mercredi, avait tout de go, refusé que l´inculpé joue au chat et à la souris. Et justement, elle ne voulait pas jouer à la chatte et l´inculpé au...rat! Elle entendait juger au plus vite cette triste histoire qui était venue au mauvais moment, comme le criera plus tard, au cours de son intervention, le sobre avocat, Maître Ezzeraïmi, la zizanie entre deux familles aux liens plus que solides. D´ailleurs, les débats ont mal commencé. Irritée par le numéro joué et raté de l´inculpé, Ammi avait sèchement rétorqué à Mohammed Amine qu´un malade ne pouvait pas affirmer, comme ça, qu´il était malade. «Seul un médecin peut décréter qui est malade» balança, le sourire narquois en coin, la juge qui va plus loin en fixant de son beau regard aux yeux clairs flamboyants, l´inculpé, affirmant même qu´elle le trouvait «très bien, là debout, bien portant, même en grimaçant». Elle allait continuer en rappelant qu´«il était poursuivi pour coups et blessures volontaires à l´aide d´une arme blanche, le tout couronné par la présence dans le dossier d´un arrêt de travail de 21 jours». «Le tribunal sait ce que représente un certificat médical et surtout le nombre de jours d´arrêt de travail prescrit par le légiste», lâche la magistrate qui ne quittera pas des yeux Mohammed Amine qui continuait à se tordre les épaules, le cou, les genoux et même les chevilles. Ce qui donnait pour ceux qui étaient derrière, l´impression de quelqu´un qui vacillait et donc risquait de s´effondrer à tout moment. Ce qui allait tenir en haleine l´assistance qui savourait ces moments où la présidente ne voulait pas marcher dans cette histoire d´inculpé prétendument malade, préférant trancher dans ce dossier où il y a une victime. Une victime qui n´a pas montré le bout du nez et ce sera Maître Ezzeraïmi, en avocat avisé, qui utilisera cette absence qu´il considère comme étant un mini-pardon, car toute victime qui tient à ce que justice soit rendue, vienne à la barre, signer et persister dans son entreprise de poursuivre l´auteur des coups et blessures volontaires. L´inculpé parle de malentendu. Pour revenir à Mohammed Amine, il ne s´est pas permis de jouer au malade, non. Il nie l´inculpation. «Je ne l´ai pas agressé. Et d´ailleurs, je suis hospitalisé. Je ne me sens pas bien», avait-il lancé à plusieurs reprises dans un vocabulaire où il avait plutôt bafouillé qu´articulé. Saliha Saâdou, la représentante du ministère public demande une peine de prison ferme et une amende rondelette. Us et coutumes de la justice obligent, l´avocat, un large sourire apparent dans le regard, plaide le dossier en suivant au moins sur un plan, son client. «Il nous plaît Madame la présidente, de signaler de suite, que de solides liens unissent les deux familles. Certes, il y a eu un coup de colère entre les deux amis. Mais, de suite tout était rentré dans l´ordre.» Puis, Mohammed Amine avait commencé à parler en même temps que son conseil, Yamina Ammi, allait rappeler vivement l´inculpé à l´ordre. «Vous n´avez même pas la délicatesse de laisser votre avocat faire son boulot. Vous allez vous taire au moins pour une bonne raison: un malade se tait. Il est faible.» La mise au point effectuée, Maître Ezzeraïmi poursuivra sa plaidoirie dans la sérénité. Il aura l´élégance de ne pas trop s´étaler juste pour permettre au tribunal de continuer son rôle dans le temps gagné. C´est pourquoi le défenseur assurera au tribunal que Mohammed Amine doit revenir dans son lit d´hôpital. «Nous l´avons fait sortir le temps des débats». dit, avec un tout petit sourire, le conseil qui prendra acte de l´annonce de Ammi qui venait de mettre en examen le dossier. Et c´est dans le sens des demandes de Maître Ezzeraïmi, qui, elle, décide l´expertise psychiatrique. C´est même très bien comme décision...