L´inculpé s´appelle Laïd et son procès s´est déroulé en pleines fêtes du début de l´année 2010... Sid Ahmed B. dit Laïd a goûté à la détention en étant surpris avec une fausse carte de résidence acquise pour quinze mille dinars. S´il n´a pas compris pourquoi il a été écroué, il a par contre saisi le sens du mot sursis, synonyme de «rentrez chez vous et vite SVP», sans plus jamais revenir car le sursis n´est pas une trop grande liberté pour la récidive. Le sursis est avant tout une arme massive de dissuasion. Et malheur à celui qui prend le risque de se faire prendre une autre fois. Plusieurs nationaux préfèrent donner leurs centimes, parfois en millions, à n´importe qui sauf au Trésor public, parent pauvre de la grande ambition de l´avancée de l´économie nationale. On a besoin d´un permis de conduire, on l´achète sans parcourir les chemins sinueux du dépôt de dossier, des cours et de l´examen. On a besoin d´une voiture bon marché. On s´arrange pour acquérir un véhicule volé avec de faux papiers et de vrais gros problèmes. On a besoin d´une résidence à l´étranger, on va courir derrière un dégourdi qui va nous fourber un faux. C´est d´ailleurs ce qui est arrivé à Laïd M., le client de Maître Lamouri qui a plaidé la crédulité, la recherche d´un moyen rapide de quitter le pays ou encore de regagner un pays étranger tiers, car il a envie de vivre d´autres sensations. Seulement, voilà, pour sortir, il exécute un faux! «Laid, que ressentez-vous lorsque vous utilisez un faux?», demande, curieuse Radja Bouziani, la présidente de la section pénal du tribunal d´El Harrach (Cour d´Alger). Pour obtenir cette résidence en France, j´ai établi un dossier «normal» lisez: «régulier et irréprochable» dans le langage des crédules victimes d´escroqueries diverses), souffle le prévenu qui affirme avoir déboursé quinze mille dinars et avoir été interpellé au moment où il passait la PAF. Le vrai flagrant délit tel que défini par le Code pénal. Inculpé de faux et d´usage de faux, le détenu suit avec stupeur les demandes de Nadia Belkacem, la représentante du parquet local: une année d´emprisonnement appuyée d´une amende tout aussi ferme de cinq mille dinars. Ça laisse pantois. Et comme plusieurs prévenus, on confond le réquisitoire et le verdict qui sera prononcé sur le siège par le juge qui permet à Laïd de rentrer chez lui tard l´après-midi du mardi car si la sentence a été de un an de prison le sursis a sauvé la face. Maître Benouadah Lamouri s´est félicité de la peine surtout que Madame Radja Bouziani a pris ses responsabilités en requalifiant de faux et usage de faux en un simple usage. L´avocat avait aussi raison de lancer à l´intention du tribunal que son client a été loin de penser qu´il avait sur lui un faux document: «Il serait resté à El Harrach où l´on circule sans visa. Evidemment, évidemment, Me Lamouri, le conditionnel est un visa permanent en correctionnelle».