Les mauvaises fréquentations mènent à tout, à condition de mettre au milieu sa bonne foi et un brin de confiance aveugle... La mauvaise fréquentation peut pousser des familles honorables à se retrouver dans un champ, sous les cris, des poules et coqs becquettent à tout- va. Fatiha K. est une excellente mère de famille qui a connu Saloua I. une «dragueuse» sans honte, ni nif qui cherche, à longueur de semaine, des proies qui ont un peu d´argent de côté pour les déplumer. C´est ainsi que Saloua fait la connaissance de Fatiha via la frangine. Les va-et-vient se multiplient. Saloua s´aperçoit que Fatiha, une fraîche divorcée, réside en France. Elle commence à se lécher les babines. Fatiha à de l´argent. Comment faire pour lui subtiliser une somme rondelette. Simple: un stratagème est mis en place car depuis trois mois que les deux femmes se fréquentent, fatalement, il y a de petits secrets qui se dégagent des discussions, des confidences. Fatiha K est le type même de femme sympa, bonne à écouter, à aider s´il le faut. Et Saloua va le faire, à sa manière. Fatiha cherchait un deux pièces. Saloua l´invite chez elle. Durant ce court séjour de douze semaines. Saloua a émis le désir d´entrer dans la société des matériaux et constructions mise sur pied par Fatiha et consorts. Fatiha K. a ouvert les yeux et commençait à voir plus clair car Saloua n´était pas son genre. «Saloua, je vais me retirer de la société. Je ne peux plus supporter une associée qui ment, qui dribble», clame Fatiha. Saloua voit rouge...Elle décide de passer à l´action. «Tu auras affaire à moi, m´avait- elle menacée», dit l´inculpée de vol, qui apprendra au tribunal que sa bonne foi ne l´avait pas laissée se méfier de Saloua une seule seconde et même cette terrible menace ne l´a jamais effleurée. Puis vint cette histoire de vol de cent vingt millions de centimes. Une plainte fut déposée contre X...Peu après, Saloua dit son pressentiment de soupçonner Fatiha K. sans donner ses cordonnées. Maître Fatima Sahli, l´avocate de Saloua va jouer son rôle et tenter d´entraîner le tribunal sur le terrain de la condamnation et donc des dommages et intérêts. Nassima Mezaâche prend acte. Akila Bouacha, elle, en qualité de parquetière, aux oeillères disciplinées, va requérir une peine de prison de un an ferme. Fatiha clique des yeux mais heureusement pour elle, ses deux avocates, Maître Noura Ghomrassi et Maître Faïza Gouasmia l´avaient avertie que le parquet et son représentant n´allaient pas lui offrir une rose en cette fin d´année 2009 et début 2010. Plaidant en premier, Maître Ghomrassi Nora qui avait été priée par la présidente de ne pas trop s´étaler, avait de suite protesté contre cette histoire de dossier traité en flagrant délit alors que c´était beaucoup plus une histoire d´instruction. Car le crime prévu, «Vol qualifié» article 354 (alinéa trois), relève de la criminelle puisqu´il s´était agi de vol avec la fabrication de clés de serrures. Revenant aux déclarations de la pseudo-victime, Maître Faïza Gouasmia, tout comme sa consoeur Maître Ghomrassi avaient mis en avant le fait que Saloua ne voulait pas d´un procès en instruction car il y aurait confrontation, témoins et autres détails troublants pouvant guider le juge d´instruction sur un non-lieu de Fatiha K., cette dynamique femme d´affaires qui avait osé claquer la porte de la société «K.T.M. matériaux de construction» et les trois associés dont Saloua.T. prise à partie durant les interventions des deux avocats de Fatiha. «Madame, la présentation des faits veut que la victime qui vient réclamer les cent vingt-deux millions vienne ici à la barre assister à l´instruction de l´honorable tribunal», s´était exclamée Maître Gouasmia qui a même soulevé l´hilarité générale en expliquant que toute victime de vol, même pour la modique somme de mille dinars, se précipite à la barre pour prendre son dû. «Pensez-donc, pour cent vingt-deux millions de centimes prétendument volés! C´est impensable comme poursuites. C´est un dossier si vide qu´il ne mérite qu´un seul mot:relaxe», a conclu l´avocate qui prend acte de la date du verdict et de son prononcé. L´inculpé se saisit du concept: «Moudaoula» -i-e. mise en examen de l´affaire. C´est son conseil qui va lui expliquer que la juge de Bir Mourad Raïs (cour d´Alger) a décidé de prendre son temps avant de répondre à toutes les demandes. Effectivement, cette dame qui semblait tomber du ciel vu son statut social, ne cessait de marmonner et de se lamenter sur tous ces désagréments et dérangements depuis plus d´une année outre un verdict prononcé par défaut, alors que, assure-t-elle «je n´ai jamais reçu la moindre convocation ni du juge d´instruction, ni de la juge de l´audience. Je ne comprends pas. Je panique. Mes enfants, depuis l´étranger ne cessent de m´appeler, craignant un mandat de dépôt à l´audience», dit-elle avant de partir, seule au volant. Une semaine plus tard, Nassima Mezaâche, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs lit le verdit: Fatiha K. est condamnée à une peine de prison assortie du sursis. La fraîche condamnée refuse cette décision et décide d´interjeter appel. «Je suis innocente. Je veux que l´on m´écoute», laisse-t-elle échapper amèrement...