«A vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes.» John Fitzgerald Kennedy La Révolution nationale du 1er Novembre sera-t-elle télévisée? Depuis l´Indépen-dance, l´Algérie n´a jamais réalisé un film sur ses chefs historiques. Les seuls chefs militaires de l´ALN connus dans la rue sont Larbi Ben M´hidi et Ali la Pointe et cela grâce à Yacef Saâdi et son film La Bataille d´Alger. Mais qu´en est-il des autres héros et chefs militaires de l´ALN. Boumediene avait donné instruction dans le passé pour que la production cinématographique ne fasse pas la part belle aux chefs militaires ou politiques du FLN, mais seulement à leurs actions historiques. Ainsi, aucun film autobiographique ne sera réalisé sur Benboulaïd, Larbi Ben M´hidi, Amirouche, El Haouès, Lotfi et encore moins des portraits de Ferhat Abbas, Mohamed Khider, Boudiaf ou Messali El Hadj. Désormais, dans la mémoire collective des Algériens, Hassiba Ben Bouali, Ali la Pointe et le petit Omar sont plus célèbres que certains chefs historiques de la révolution grâce à la Bataille d´Alger de l´Italien Gillo Pentocorvo. Comme les Chinois et les Soviétiques, nos responsables estimaient qu´il n´était pas nécessaire de faire des films sur les héros de la guerre, ces généraux qui ont gagné des batailles sur le front. Ainsi, contrairement aux Américains, qui consacreront des oeuvres autobiographiques sur Patton, Eisenhower, le général Lee ou Custer, les Russes ne feront jamais de films mémoire sur le Maréchal Joukov, vainqueur de Moscou en 1941, de Leningrad en 1943 et qui a atteint Berlin, avant les Américains. En Algérie, cette vision de la médiatisation des héros de la Révolution, tend à changer mais pas à 100%. Il a fallu 2008, pour voir un film qui consacre un héros de la révolution de Novembre à travers le film de Ahmed Rachedi, Benboulaïd. Même si l´oeuvre n´est pas artistiquement réussie, elle a le mérite d´ouvrir une nouvelle fenêtre et faire des films, des docs et même des feuilletons sur les héros de Novembre. Plusieurs réalisateurs et même des producteurs se sont lancés dans des projets de films sur des figures connues de l´ALN. Mais ces portraits restent soumis à une certaine censure et même à une certaine vision. Car il est hors de question d´écorcher l´image d´un héros de la révolution. La scène de la trahison qui a couté la vie à Benboulaïd a fait débat dans les cercles des révolutionnaires. Doit-on montrer la trahison dans le camp de l´ALN? En tout cas, en raison de l´absence de salles, c´est l´Entv qui reste le média visé par ces producteurs. Mais à l´Entv, on refuse d´être critiqués pour une oeuvre qui ne lui appartient pas. C´est sans doute pour cette raison que le feuilleton sur Aïssat Idir, l´une des figures principales du syndicat et de la révolution, est diffusé au compte-gouttes, sur la chaîne terrestre, tous les samedis et mercredis. Une programmation qui n´arrange pas la productrice qui annonce déjà le lancement d´un feuilleton sur Larbi Ben M´hidi. Au même moment où Sadek Bekhouche, scénariste et producteur de Benboulaïd, annonce la finalisation d´un nouveau film sur le Colonel Lotfi. Mais comme dans Benboulaïd, le film n´abordera pas le côté privé du personnage, mais seulement son parcours historique. Une vision que ne partage pas totalement Ahmed Rachedi, qui a toutes les peines du monde à faire accepter son script sur Krim Belkacem. D´autres figures de la révolution ne sont pas près d´être immortalisées dans un film. Comme quoi, même dans leurs tombes, ces révolutionnaires font peur. [email protected]