La dernière révélation du général Aussaresses sur l´implication de François Mitterrand dans l´assassinat de Larbi Ben-M´Hidi remet sur le tapis la «face cachée de la France». François Mitterrand était, à cette époque, ministre de la justice de la France. Pays des droits de l´homme. De la Révolution de 1789. Un pays dont les principaux responsables pourtant n´hésitent pas à recourir aux exécutions sommaires maquillées en suicides. Le plus troublant dans l´histoire et s´agissant de la liquidation physique de Ben M´hidi est qu´on a l´impression d´avoir affaire à deux France. D´un côté, un colonel de l´armée française à l´époque, en l´occurrence Bigeard, rend les honneurs militaires à son illustre prisonnier qu´était Ben M´hidi et de l´autre un officier, Aussaresses, qui se faisait appeler le commandant O, prend la relève pour assassiner, sur ordre, ce même prisonnier. C´est l´unique fois où la France se met dans cette situation durant la guerre de Libération nationale. Il y a eu, certes, le piratage de l´avion transportant Ben Bella et ses compagnons. Il y a eu, aussi, le poste de transmission piégé qui ôta la vie à Ben Boulaïd, cet autre héros de la Révolution. Il y a eu tant et tant de liquidations sommaires, qui ne glorifient pas la France, de combattants algériens au cours des huit années de lutte. Mais, jamais il n´y a eu une telle dualité de comportements d´officiers français dans une même affaire. A l´exception toutefois de l´affaire Dreyfus qui fut, elle, une affaire strictement franco-française. Rien à voir avec l´Algérie. Ben M´hidi aura réussi, même dans sa mort, à servir l´Algérie pour avoir mis à nu les deux faces de la France. Grâce à lui, on comprend mieux pourquoi De Gaulle a envoyé des barbouzes combattre l´OAS après le cessez-le-feu. Grâce à lui, on comprend mieux aussi le «il faut que les élections se poursuivent» de Mitterrand alors chef de l´Etat français surpris par la démission du Président Chadli en janvier 1992. Grâce à lui, que d´événements troubles trouvent leur explication! Même les aveux d´Aussaresses s´expliquent et on peut dire, d´ores et déjà, qu´ils n´ont rien à voir avec un quelconque remords pour soulager sa conscience. D´ailleurs, il dit lui-même qu´il ne regrette pas son crime. Grâce à Ben M´hidi aussi on comprend mieux l´échec du traité d´amitié avorté. Et de beaucoup d´autres faits. C´est sur cette dualité française que devraient se pencher nos historiens. Pour mieux comprendre le présent et envisager l´avenir. Que notre jeunesse sache que le sacrifice de Ben M´hidi doit toujours être l´éclairage avec lequel elle devra lire l´histoire de l´Algérie. D´avant, pendant et après l´occupation.