Le ministre de l'Education fait de cet examen une affaire d'Etat. Lors d'une rencontre, hier, avec les représentants des parents d'élèves, le ministre de l'Education nationale a catégoriquement rejeté le recours à une seconde session du bac pour cette année. La décision arrive au moment où les lycées du pays frôlent le seuil du tolérable du fait des grèves sauvages dont seuls les élèves risquent d'en faire les frais à terme. De leur côté, les parents ne cachent plus leurs craintes de voir hypothéqué l'avenir de leurs enfants «pris en otage par des personnes non identifiées dans la nomenclature syndicale nationale». Benbouzid a donc reçu les représentants de la Fédération des parents d'élèves des principales wilayas touchées par la contestation des enseignants et dont certaines ont, jusque-là, couvé en silence les aléas d'un boycott qui remonte à plus de quarante-cinq jours. Le président du bureau de cette fédération, Hadj Dellali, impute la situation d'impasse dans laquelle se trouvent les établissements du secondaire à l'échec des syndicats qui, selon lui, n'arrivent plus à représenter ceux dont ils sont censés défendre les intérêts. Quoi qu'il en soit, la réunion à laquelle ont été conviés les parents, est une réelle prise à témoin du ministre, afin qu'il use pleinement de son pouvoir pour garantir un passage «sécurisé» du cap fatidique des examens de fin d'année, dont le bac «qui ne doit souffrir aucune équivoque». Ainsi, Benbouzid, qui compte recevoir dès aujourd'hui tous les autres partenaires sociaux «légaux», lance, solennel: «L'examen du baccalauréat est plus qu'une obligation pour l'Etat qui possède les moyens humains et matériels pour le réussir. Certes, les professeurs ont leurs problèmes que nous ne nions pas, mais nous les appelons à travailler, ensemble, sans pression pour les résoudre. Désormais, il n'y aura pas de deuxième session pour le bac; c'est une décision politique et la détermination de l'Etat est forte sur ce principe.» Par ailleurs, il précise que l'option de l'année blanche est définitivement écartée. En précisant toutefois qu'il garantit à tout élève, dont la scolarité a été perturbée, du fait des grèves, le droit de refaire l'année «d'office», en cas de recalage. Il ajoute que le programme des examens, tracé il y a une année de cela, sera scrupuleusement respecté: «Je vous assure ( et avec l'aide de Dieu ) que les examens auront lieu sans perturbation aucune dans les délais impartis par la loi; c'est-à-dire les 26, 27 et 28 mai pour le fondamental et les 7, 8, 9 et 10 juin pour le bac. Immédiatement après, c'est-à-dire à la rentrée scolaire prochaine en septembre, nous poursuivrons de plus belle les réformes déjà mises en branle dans le système éducatif», tient-il à rappeler. Pour le ministre de l'Education, les perturbations dans la scolarité des lycéens auraient touché moins de 25 % des établissements du pays, estimés à 1200 lycées à l'échelle nationale dont 112 à Alger seulement. A priori, les parents d'élèves représentés par leur bureau fédéral donnent donc leur feu vert à Benbouzid qui compte user de toutes ses prérogatives afin de terminer l'année dans de bonnes conditions. Pour ceux qui se sont exprimés, les animateurs des dernières grèves ne seraient qu'un conglomérat d'activistes sans sens des responsabilités. «Nous dénonçons la prise d'otages dont font l'objet nos enfants, victimes d'un marchandage aux fins inavouées», affirment les représentants des parents d'élèves. Ainsi les parents d'élèves et le ministère de l'Education font cause commune contre la Coordination des lycées d'Alger, derrière le mot d'ordre de grève lancé le 15 mai dernier.