«Si tu rencontres deux êtres qui vivent en harmonie, sois sûr que l´un d´eux est bon.» Proverbe kabyle L´Entv est en train de diffuser sur son canal terrestre, un feuilleton sur la vie et le parcours du syndicaliste Aïssat Idir. A première vue, c´est correct. Sauf que ce feuilleton est diffusé en langue arabe classique et peu apprécié par le téléspectateur algérien. Une langue peu utilisée par les producteurs algériens. C´est d´ailleurs, la deuxième expérience après Fatma Nsoumer, écrit par Azzedine Mihoubi et réalisé par un cinéaste syrien inconnu, que la télévision algérienne produit un feuilleton arabe. Mais l´objectif et le choix de cette option sont purement commerciaux et s´inscrivent dans le but de revendre ensuite le feuilleton à des télévisions arabes. Seulement, la production audiovisuelle algérienne est loin de concurrencer les feuilletons historiques arabes et plus particulièrement syriens qui ont gagné le respect des Egyptiens avec des feuilletons tels que Al Kawassir, Al Jawarih et autre Al Bawassil ou El Malek Farouk et cela, pour de nombreuses raisons: d´abord l´Algérie ne possède pas de comédiens de renommée arabe. À l´image du comédien Djamel Souleimane, Dereid Laham ou encore Wael Sharaf qui se sont imposés sur la scène arabe et plus précisément égyptienne, ou encore des réalisateurs de statut international tels que Mustapha Akkad, Hatem Ali, Najdet Anzour ou Bassam Al Malla qui réalise la série à succès Bab El Hara. En réalité, pour que l´audiovisuel algérien s´impose, il n´est pas nécessaire de changer de langue ou d´arabiser à 100% l´oeuvre pour entrer dans le monde de l´audiovisuel arabe, mais d´améliorer la qualité de ses histoires et la composition de ses comédiens. La commercialisation d´une oeuvre ne se fait pas sur la base de la langue mais de la qualité et de l´originalité de l´oeuvre. Les histoires les plus vendues dans le monde sont des oeuvres majeurs de la littérature mondiale. La plus célèbre, et qui est d´actualité ces derniers temps, c´est Alice au pays des merveilles ou encore Cendrillon, Frankenstein, mais aussi des contes historiques comme Harry Potter ou Le seigneur des anneaux. En voulant donner un cachet arabe à une oeuvre qui ne fait pas particulièrement de la culture arabe, notamment avec des figures berbères et algériennes de Fatma Nsoumer ou Aïssat Idir, il faudrait d´abord écrire une belle histoire. Or, dans ces deux feuilletons, les scénaristes se sont attardés sur l´enfance et la jeunesse de ces héros alors que leur action se situe à l´âge adulte. En regardant Aïssat Idir on se rend compte que les comédiens algériens ne maîtrisent ni l´arabe classique, ni le français académique. Seul Sid Ahmed Agoumi s´illustre dans son rôle de Français et cela grâce à sa double formation française et arabe. Ce n´est pas le cas pour certains comédiens qui ne maîtrisent pas la langue d´El Moutanabi et encore moins celle de Voltaire. Mais ceci n´est qu´un détail dans une oeuvre techniquement simple et à la mise en scène sobre. A cela s´ajoute la prédominance de la musique sur le commentaire et qui rend encore le produit invendable sur le plan international. [email protected]