«Il a jeûné une année mais quand il a entamé son repas il a mangé une sauterelle.» Proverbe algérien L´ouverture du champ audiovisuel en Algérie est tellement une utopie, une chimère et un rêve irréel éloigné que les médias l´ont tourne en dérision, on en faisant un vilain poisson d´avril. Le 1er avril, le site spécialisé dans l´audiovisuel maghrébin Tvdz annonce que le gouvernement algérien souhaite désormais ouvrir l´audiovisuel au privé et qu´une loi sera prochainement promulguée avant l´été. Le site renforce son information par l´insertion d´un article publié par notre confrère du Soir d´Algérie, qui annonce également le 1er avril, dans sa nouvelle page dédiée aux informations sur l´audiovisuel qu´un bouquet de 27 chaînes HD sera lancé en juin et de surcroit sur le satellite algérien Alsat 3. Un satellite qui n´a même pas été construit, alors que le Alsat 2 attend toujours son lancement depuis 2009. Pauvre Algérie! Même si ce poisson d´avril était trop gros pour être consommé, il relance le débat toujours d´actualité de l´ouverture audiovisuelle en Algérie. L´Algérie demeure le dernier pays du Grand Maghreb arabe unis à ne pas ouvrir son champ audiovisuel après le Maroc qui a ouvert le bal avec la création de la 2M. Une télévision au statut public et privé, suivie par le lancement de la chaîne francophone et privée Medi 1 Sat, puis est venu ensuite, la Tunisie. Un pays présenté comme fermé médiatiquement et qui avec le lancement de Hannibal TV et Nessma TV, a prouvé que le Maghreb pouvait rivaliser avec des télévisions françaises ou italiennes. La Libye est arrivée en troisième position des pays maghrébins qui ont ouvert leur champ audiovisuel. En plus de ces cinq chaînes de télévision publiques, (Al Jamahirya, Al Jamahirya Satellite Channel, Al Mounawaâ, Al Hidaya, Al Badil et Al Shababiyah, une télévision pour enfants), la Libye a lancé sa première chaîne privée en 2007. Baptisée Allibia, elle a été créé par le fils de El Gueddafi Seïf el Islam. Même si Allibia TV a été interdite en 2009, elle a pu déménager ses locaux au Royaume-Uni et continue à fonctionner normalement. La chaîne de télévision privée libyenne, Allibiya TV a déménagé ses bureaux à Londres en raison de «pressions» suscitées, notamment par la diffusion d´un programme critique à l´égard de l´Egypte. Elle a signé un contrat de dix ans avec une société pour gérer la diffusion de la chaîne. Le directeur de la chaîne Allibiya TV, Abdessalem Mechri avait été emprisonné 48 heures suite à la diffusion d´un programme du journaliste égyptien Hamdi Kandil très critique à l´égard du régime égyptien. En Libye, les deux frères El Gueddafi, Seïf-el Islam et Motassim patron du Conseil national de la sécurité, se livrent une bataille médiatique dans le pays. La Mauritanie vient de fermer la marge des pays du Maghreb qui ouvrent leur champ audiovisuel au privé. Ainsi, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait annoncé il y a quelques jours, que le secteur audiovisuel serait libéralisé entre mai et juin. Cela alors qu´une loi sur la libéralisation de l´audiovisuel était à l´étude au Parlement depuis juillet 2008. Même si cette ouverture audiovisuelle dans ces pays maghrébins est de façade, l´ouverture réelle (politique j´entends dire) sera probablement algérienne. Ceci au moment où l´Algérie, pays de 149 milliards de réserves de change, qui possède le plus grand nombre d´émetteurs en Afrique avec la TDA, qui couvre la deuxième plus grande surface en Afrique. Mais quand cette Algérie, avec sa double culture française et arabe, sa capacité à défoncer les portes fermées des cultures et des régimes, se réveillera un jour, le Maghreb, l´Afrique et même l´Europe trembleront. [email protected]