Le football algérien est entré dans l'ère de la démesure en matière de tricherie. Le sport, par essence, est une compétition où chaque concurrent se bat pour la victoire en restant dans le chemin de la droiture et de la loyauté. Vaincre par d'autres moyens est une méthode que réprouve la morale sportive. Du reste, où se situe le plaisir lorsqu'on sait, à l'avance, que l'on va gagner sans suer et sans consentir d'efforts? Obtenir de l'adversaire qu'il soit conciliant et qu'il n'offre aucune résistance est la plus vile des pratiques. Elle détruit l'idéal compétitif du sport et le rabaisse au niveau d'un face-à-face entre gens de mauvaise foi et de trompeurs de foules. Les instances sportives internationales mènent une lutte sans merci contre le dopage, ce cancer des temps modernes qui pousse des athlètes de toutes disciplines à user de produits médicamenteux pour augmenter leur force et leur résistance physique. C'est voler sa victoire, lorsqu'on passe par une telle méthode pour s'imposer. Chez nous, même le football est concerné par la lutte contre ce véritable fléau. Il y a qu'elle inspire de la dérision et du fou rire car lorsqu'on voit nos footballeurs évoluer sur un terrain, on se demande s'ils ne prendraient pas plutôt des substances inhibitrices. Les dirigeants de clubs ont, d'ailleurs, compris qu'ils n'avaient rien de concret à obtenir de tels joueurs, ni de leurs entraîneurs. Aussi s'adonnent-ils à un autre exercice consistant à obtenir de l'équipe adverse, qu'elle lève le pied, ce qui veut dire qu'elle accepte de se faire battre. Il n'est pas obligatoire de mettre la main à la poche et de consentir un effort financier pour parvenir à cet accord. Parfois, il s'agit d'un arrangement à l'amiable, une espèce de donnant-donnant cumulé sur une ou plusieurs saisons. Ainsi, si une équipe obtient d'une autre, la victoire une année, elle lui rendra la pareille, l'année suivante, si elle se trouve dans le besoin. La plupart du temps, il suffit de présenter une formation privée d'un grand nombre de titulaires pour faire passer le coup. Des titres de champions d'Algérie ont été conquis par l'entremise de ces pratiques maffieuses. Des accessions également, de même que nombre de clubs ont évité d'être relégués en y recourant. Certaines équipes, versant dans les pitreries, s'amusent à...amuser la galerie en s'impliquant dans la lutte pour le titre de meilleur buteur de la compétition. A cet effet, c'est la défense de l'équipe adverse qui est appelée à s'étaler devant le «redoutable» chasseur de buts de la formation d'en face. Le public, lui, assiste à ce piètre spectacle sans réaction si ce n'est celle de condamner, mais à voix basse. Il faut dire que les supporters de l'équipe gagnante y trouvent leur compte. La voir au sommet, accéder ou éviter la descente, suffit à leur bonheur quels que soient les moyens utilisés. C'est le sentiment qu'éprouvent les dirigeants de leur club qui se font passer pour des êtres dotés d'une intelligence hors normes et parfaitement au courant de la gestion d'une équipe de football. Ces viles pratiques sont entrées dans les moeurs de la discipline. Elles sont tellement banalisées que l'on sait où, et quand, il y aura combine. A ce jeu que reste-t-il de l'intérêt sportif? Rien, mais les amuseurs de foules n'en ont cure. La crédibilité de leurs succès, sans cesse remise en cause, ne les émeut pas. Ils sont les tenants d'une politique où l'on est capables de marcher sur le ventre de sa propre mère pour atteindre ses objectifs. Ce sont des gens sans foi ni loi, attirés par le gloriole et la notoriété. Ils savent, malheureusement, qu'ils évoluent en pays conquis où rien ne leur sera demandé du moment qu'ils «réussissent». Une «réussite» bâtie sur des fonds publics consentis au nom de la paix sociale et d'une loi sur les associations continuellement bafouées. Ils savent, aussi, qu'ils n'ont rien à craindre de ceux qui sont censés protéger la morale sportive. On veut parler des instances chez qui sont affiliés ces clubs tricheurs qui assistent, sans mot dire, au spectacle de la mise à bas de la discipline, car se disant dépourvues de preuves à même de leur permettre de sanctionner. Le film est loin d'être terminé. Le championnat perd de saison en saison sa crédibilité, en raison de la faiblesse de ses acteurs qui usent d'expédients qui sont à l'opposé de l'esprit de la saine compétition. Et dire que des gens paient, souvent cher, leurs places pour assister à de telles mises en scène. A défaut de grand jeu, on se contente des miettes de la corruption. Le sport n'a plus aucune importance.