On ne bâtit pas une équipe nationale sur un football de bricolage. Rendez-vous pour 2010. Pour celui de 2008, l'équipe d'Algérie de football a eu son terminus juste avant la distribution des billets pour le Ghana. Après avoir entamé sa route vers ce pays dans de bonnes conditions, son moyen de locomotion a connu des problèmes en fin de parcours et est tombé en rade, en chemin. Il a, donc, laissé passer celui de la Guinée et s'est perdu dans les calculs concernant une seconde place qui devenait inutile au fil des heures, c'est-à-dire au fur et à mesure que nous parvenaient les résultats des autres matches de cette phase de qualification. L'équipe d'Algérie n'ira pas en Ghana. La faute à ce match contre la Guinée qu'il fallait gagner et qu'elle a lamentablement perdu devant son propre public. La faute à son entraîneur qu'on va charger de tous les maux pour n'avoir pas su user de la meilleure stratégie le jour de ce match contre la Guinée. La faute à la fédération, incapable de monter une équipe nationale compétitive. Aucune autre partie ne peut être impliquée dans ce nouvel échec de notre football. Surtout pas les pouvoirs publics qui promettent une politique sportive et du football depuis des années, mais ne font rien et pensent qu'il faut simplement changer d'entraîneur pour réussir. S'il suffisait de changer de coach pour devenir les meilleurs, cela fait longtemps que l'Algérie aurait dû être championne du monde. Oui, championne du monde avec un football fait de bricolage et d'à-peu-près, un football où les clubs sont dirigés par de nombreux marchands de rêve qui n'ont aucun scrupule, un football où ces mêmes clubs, non contrôlés par l'Etat, font du n'importe quoi et trompent le public en lui servant, chaque week-end, une insipide mixture de championnat au goût infect, un football qui a tourné le dos au b.a.-ba de la formation à cause d'un laisser-aller manifeste de ceux qui sont censés diriger la politique sportive dans ce pays, un football statutairement amateur, mais qui n'en brasse pas moins des milliards de centimes provenant directement et indirectement des caisses de l'Etat, un football où l'opinion sportive reste bercée par les exploits de 1982 (25 ans déjà) et qui nous font croire qu'on est capables de sortir une aussi grande équipe alors que rien n'a été fait pour renouveler son élite. La démesure dans toute son essence. C'est comme dans d'autres sports, l'athlétisme en particulier, où l'on pense qu'on peut sortir un Morceli ou une Boulmerka chaque année sans trop se soucier de savoir si une politique a été élaborée pour permettre de détecter puis de former dans de bonnes conditions les futurs athlètes. Il y en a qui pensent qu'il suffit d'un claquement de doigts pour réussir. Ce sont ces gros rêveurs qui vont penser que l'élimination de l'équipe d'Algérie de la CAN 2008 est un grand échec pour l'Algérie et son football alors que cette discipline est elle-même un échec pour n'avoir pas su se forger dans le moule de la rigueur et du travail planifié. L'équipe nationale se serait qualifiée pour le Ghana? Qu'est-ce que cela aurait changé pour ce sport? Rien. En 2004, elle était bien partie en Tunisie, cette équipe. Elle était même parvenue à se qualifier pour les quarts de finale. Notre football en a-t-il pour autant fait sa mue et orienté son chemin sur la voie du modernisme? A-t-on songé un seul instant à aider la fédération, en se lançant dans une grande opération de structuration des clubs pour donner un peu plus de crédibilité à ce sport? Où se trouve le fameux centre de regroupement des équipes nationales dont le président Abdelaziz Bouteflika avait posé la première pierre à Sidi Moussa? Jusqu'à aujourd'hui nos équipes nationales en sont à être regroupées dans des hôtels et ne disposent même pas de terrains d'entraînement propres à elles. Pour le faire, l'équipe nationale est obligée de faire du porte-à-porte auprès des autorités militaires et de la Dgsn pour qu'elle puisse utiliser leurs installations. Le centre de Sidi Moussa dit-on, doit devenir une école de football. Qu'à cela ne tienne. Où est cette école? Toujours en chantier. Devant de telles erreurs on en vient à user d'opérations de replâtrage comme celle qui consiste à changer d'entraîneur national dès que les résultats ne suivent pas. Aujourd'hui, cet entraîneur, Jean Michel Cavalli, n'a pas que des ennemis. Il en est qui le soutiennent et demandent à la fédération de le maintenir parce qu'il est susceptible de mener le groupe qu'il a sous la main vers la phase finale de la Coupe du monde 2010. Convenons que les joueurs actuels ont donné un signe de vie à l'équipe nationale. Au démarrage des qualifications de la CAN 2008, cette équipe était donnée comme perdante face aux expérimentés guinéens. Le final du groupe 8 a confirmé ce pronostic. Le risque de la voir échouer dans son opération pour 2010 est grand, surtout pour la Coupe du monde où il va falloir passer par deux phases de poules pour obtenir l'un des cinq billets qui seront offerts à l'Afrique en cette occasion. Il faudra, déjà, passer le cap de la première phase de poules avant de se heurter aux grands ténors continentaux lors de la seconde phase où seul le premier de chaque groupe pourra aller en Afrique du Sud. Dans les conditions actuelles du football africain, malgré les bonnes dispositions affichées devant des équipes comme celles de l'Argentine et du Brésil, l'équipe d'Algérie reste en deçà de celles de pays comme la Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Nigeria, la Tunisie, l'Egypte, le Ghana, voire le Maroc, la Guinée, le Sénégal et le Mali. Maintenant ceux qui s'insurgent du fait que l'équipe nationale algérienne a perdu contre son homologue de Gambie doivent savoir que ces Gambiens avaient envoyé une équipe nationale cadette au Mondial de 2005 et une équipe junior au récent (juillet dernier) Mondial de la catégorie au Canada. Qu'ont fait nos cadets ou nos juniors durant ces vingt dernières années?