«L´histoire est encore plus rancunière que les hommes.» Nicolaï Karamzine "Extrait de Histoire de l´Etat russe" Au moment où la polémique sur le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb grossit en France et au moment où la bataille verbale entre Saïd Sadi et Ali Kafi au sujet du livre sur Amirouche ne fait que commencer dans la presse nationale, la Révolution algérienne peut dormir tranquille, celle-ci ne sera pas télévisée ni en France ni en Algérie. La France et l´Algérie, contrairement aux apparences, ont décidé d´un commun accord virtuel et télépathique de ne pas médiatiser ces deux polémiques. C´est la presse écrite et les sites Internet qui ont beaucoup moins d´audience sur le peuple que la télévision et le cinéma qui sont en train d´offrir l´espace aux intellectuels, aux révolutionnaires et aux politiques dans ce débat contradictoire passionné. Le plus curieux et le plus inattendu, ce sont les télévisions françaises qui ont passé sous silence la polémique sur le film de Bouchareb Hors-la-loi dans leurs émissions et dans leurs JT. Des télévisions qui n´hésitaient pas pourtant à médiatiser les plus petits événements sans importance dans leurs différentes rubriques. Il est clair que ces télévisions ont reçu instruction de ne pas amplifier les articles de la presse écrite et ne pas donner la parole aux adversaires et aux soutiens du film de Rachid Bouchareb, laissant ainsi la presse et les sites Internet de certains grands magazines en faire écho. Plus de 109 publications sont aujourd´hui disponibles sur Google qui reprennent, pour la plupart, la même problématique de la polémique lancée par le député Luca et soutenue par l´extrême droite. Pour sa part, Bouchareb a choisi de se murer dans un silence historique, en attendant de répondre à ses détracteurs avec son oeuvre cinématographique. Chez nous aussi, aucun mot également sur les attaques qu´a subies Rachid Bouchareb dans les JT. Aucune mission de reporter de la Télévision nationale n´est prévue d´ailleurs pour couvrir le Festival de Cannes. C´est à se demander comment une télévision publique peut-elle faire l´impasse sur un événement cinématographique mondial où l´Algérie est sélectionnée pour la première fois depuis plus de 24 ans en compétition officielle à Cannes. Mais de par son statut de télévision publique, l´Entv a préféré rester loin de la polémique, de la manipulation et du déballage médiatique, même quand il s´agit de l´histoire de notre révolution. Elle a choisi de rester dans l´histoire écrite et ne souhaite pas servir de terrain d´échanges pour intellectuels érudits, politiciens et historiques, d´où la nécessité de créer une chaîne d´histoire pour lui consacrer tout un programme comme le sait si bien faire la chaîne Histoire, LCP ou encore France5. [email protected]