Le ciel était lourd ce matin-là et il annonçait une journée maussade comme celles, très nombreuses, hélas, que nous avons l´habitude de vivre, coincés dans cette cuvette, entre mer et montagne, entre désespoir et amertume. Malgré tout, je m´étais mis dans la tête, que dorénavant, pendant quelques semaines, nous allions respirer un autre air et mener un autre rythme de vie que celui calé sur les horaires de retransmission des matchs de football. Car, il faut le souligner et je l´ai appris ce matin même, un collègue enseignant a dû reporter, faute d´auditeurs, le cours prévu pendant le match contre les USA. Comme je ne suis pas versé dans le domaine du sport-roi, j´ai appris aussi que c´est le même Saâdane qui avait mené l´équipe algérienne jusqu´à Mexico, pour revenir dans les mêmes conditions et avec les mêmes résultats que ceux d´Afrique du Sud: ce qui prouve que notre pays n´avance pas (et qui n´avance pas recule, puisque les autres - à part la France, bien entendu - avancent). Pire, c´est que les responsables, qui ont choisi le sélectionneur (qui nous a certes, menés jusqu´aux vestiaires du Mondial), qui a déjà, dans le passé, prouvé ses limites, n´ont pas tiré les leçons du passé. Etant ignorant de tout ce qui peut se passer en coulisses, on peut en déduire qu´on ne change pas une équipe qui perd dans notre beau pays. Et c´est vrai dans tous les domaines. Ce qui est encore plus grave, c´est que le citoyen moyen qui peut être qualifié d´Algérien, c´est-à-dire qui n´a pas encore de passeport biométrique, qui ne peut pas espérer une prise en charge pour des soins à l´étranger, qui n´a pas un compte courant ou gelé dans une banque à l´étranger, enfin, celui qui, comme vous et moi, doit piocher dans Internet pour tenter de saisir une ombre de vérité, ne saura jamais combien aura coûté cette merveilleuse aventure de l´Equipe nationale - qui est arrivée jusqu´à la source mais nous a laissés sur notre soif - les salaires, les primes des joueurs et de l´imposant staff technico-politique, les frais d´hébergement, les droits de retransmission de télé. Nous saurons juste qu´un de nos représentants a giflé une journaliste, emboîtant le pas (si j´ose m´exprimer ainsi en parlant de main leste) à un ancien ambassadeur, ancien ministre qui a porté la main sur un confrère: cela ne lui a pas porté bonheur puisqu´il a perdu le nord et qu´il a des trous de mémoire, confondant Bandoeng et Le Caire...comme nous ne saurons jamais combien auront coûté «l´Année de l´Algérie en France», le Festival panafricain en version sous-titrée, «Alger, capitale de la culture arabe» et toutes les autres opérations de prestige qui ont soufflé comme vent dans le désert. Quoi qu´il en soit, nous restons confiants à l´avenir, puisque notre grand pays aurait ouvert une ambassade aux îles Fidji!