Un jeune sort du stade du 5-Juillet d´Alger. Il est pris avec une arme blanche. Et pourtant, le CRB joue en Rouge et...Blanc! Alors? Maître Sihem Hafid, la jeune avocate du supporter des Mouloudéens d´Alger était anxieuse avant de plaider le dossier de port d´arme blanche à la sortie du stade du 5-Juillet où avait lieu le derby MCA-CR Belouizdad. Le délit est grave et est puni par l´article de l´ordonnance 39/06/07 qui prévoit de lourdes peines, surtout depuis que ce délit de port d´arme prohibé a permis à l´insécurité de s´installer jusqu´à pousser le président de la République à secouer le «cocotier» du législateur. D´emblée, le jeune inculpé en liberté provisoire nie le délit. Du haut de ses 158 centimètres, Salim R. répond non aux questions de Soumiya Kassoul, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs de la cour d´Alger. Cinq questions précises, cinq. «Non madame la présidente» tombent tel un couperet aux oreilles de Mourad Hellal, le procureur de l´audience du mardi. «Votre équipe a-t-elle perdu?», «Non madame la présidente», marmonne l´inculpé. «Aviez-vous sur vous une arme blanche? un couteau? un tourne-vis? une barre de fer?» «Non madame la présidente. J´avais ma voix éteinte à la fin du match. Je m´étais bien défoulé. A quoi m´aurait servi le couteau?» «Les policiers ont gardé l´arme blanche, je suppose?» insiste Kassoul. «Non, c´est impossible, puisque je n´avais rien sur moi.» «Est-ce que vous vous êtes disputé au cours, avant ou après le match?» «Il y a eu des mots échangés. Pas plus. Ce n´était pas méchant», dit sans crainte d´être contredit le pauvre gars. «Vous est-il arrivé d´être arrêté avec un poignard sur vous?» «Non, Mme la présidente, jamais. Je suis un sportif qui aime les couleurs. Je n´ai pas encore compris ce que je fais à la barre.» Mourad Hellal, le représentant du ministère public avait une envie folle de demander la relaxe. Eh bien non, ligoté par l´indivisibilité du siège, il réclame une peine de prison ferme de six mois. Réajustant son foulard blanc au-dessus de ses sourcils, Maître Sihem Hafid s´approche de la présidente comme si elle voulait être mieux entendue par la juge, pourtant toujours attentive et vigilante. L´avocate proteste d´emblée. «Où est cette arme blanche?» marmonne-t-elle en clignant des yeux. Tournant carrément le dos à la jolie greffière pour être en face du représentant du ministère public et de la juge du siège, l´avocate va se complaire dans ce monde d´absence de pièce à conviction qui est et reste l´arme blanche ou supposée l´être. Et comme si elle voulait défier le chef de la police judiciaire, Kassoul écarquille ses très beaux yeux tout noircis, en direction de Hellal qui va faire mieux, il lève la tête en direction du plafond et fait mine d´y chercher quelque chose. L´avocate n´y avait vu que du feu. Elle reprit alors sa plaidoirie, mettant le paquet sur le doute et donc il ne devait y avoir qu´un seul verdict, la relaxe au bénéfice du doute. Maître Mohamed Djediat, qui attendait de défendre un auteur de consommation de came, nous sifflera à voix basse, presque inaudible et qui voulait exprimer son ire de voir la quasi-totalité des représentants du ministère public étaler leur impuissance à ramener sur le pupitre des juges du siège, les preuves matérielles, solides, réelles et donc prouvant l´excellence du boulot des éléments de la police judiciaire: «Ce jour-là, vous pourrez alors transcrire sur votre canard que la justice reprend le bon chemin. Sinon, nous resterons dans le tâtonnement. Et ce dernier, mène vers la médiocrité, l´immobilisme et donc à l´absence de justice», lâche l´avocat de Patrice Lumumba qui venait de suivre la mise en examen, son annonce par une Kassoul en grande forme malgré les grosses chaleurs humides. L´avocate lança un oeil furtif, plus rapide que le regard en direction de son client qui devra donc attendre plus de six jours avant de connaître son sort. Et selon la plaidoirie de la jeune avocate, Maître Hafid, il y a beaucoup plus de chance que la peine assortie du sursis soit prononcée. Quant à la relaxe, il faudra repasser car à la Colonne Voirol, siège de la Sûreté de daïra de la police, on n´est pas aussi «karim» que...Haddadou, le dynamique boss à toutes épreuves.