Abdelhalim n´avait rien volé. Il a écopé de cinq ans par défaut. Mais à la barre, son avocat a fait le ménage pour... Abdelhalim.W., la trentaine, a fait opposition sur sa condamnation à une lourde peine de prison ferme de cinq ans par défaut, le tout appuyé d´un solide mandat d´arrêt. A Koléa, le bras de la justice est lourd avec l´article 350 du Code pénal. Et le 350 va droit sur le vol. Et dans ce dossier, il s´agit d´un vol à l´arraché d´un portable. Lors de la comparution d´un second inculpé, il a été trop dit sur le compte de Abdelhalim. Et comme les absents ont toujours tort, c´est l´évidence même que cet inculpé écope d´une grosse peine. Hadj Rabah Barik, le président de la section pénale de Koléa (cour de Blida) n´aime pas beaucoup juger les absents. Il adore avoir en face de lui l´inculpé. Eh bien, dimanche dernier, il était bel et bien en face de Si Abdelhalim qui était flanqué de Maître Ouali Laceb, encore tout retourné par les sept ans ferme soigneusement appliqués contre son «meilleur» justiciable, en l´occurrence Abderahmane Riad Achour, cet homme d´affaires, qui a défrayé la chronique à Alger, Azazga et Tizi Ouzou. Tout retourné, car il avait beaucoup misé sur la rectitude de...Abdelhalim, pas W., non, l´autre Benzaoucha, le président de la chambre correctionnelle de Tizi Ouzou, qui a confirmé le verdict d´Azazga à l´encontre de Messaoud Zayane, de Yasmine Oussaâdit, de Achour de Zemmouri et Gasmi, balancés dans le bassin détestable de la corruption et de l´abus de pouvoir. Or, à Koléa, Maître Laceb était requinqué, surtout après avoir pris des nouvelles de Mohand Mounir accroché au lit par une méchante angine. Il était requinqué à telle enseigne que lorsqu´il a vu son client Abdelhalim W., bien se défendre à la barre, il s´était fixé comme résolution d´arracher la relaxe sur le siège surtout que le magistrat du siège, Hadj Barik était dans un bon dimanche malgré la débâcle, la veille, des Fennecs à Marrakech. «Alors, inculpé, on a pris le portable de la demoiselle et on a pris ses jambes à son cou et prendre la poudre de...Chaïba?», dit presque avec ironie le président qui ne s´est pas aperçu que Malek Drissi, le jovial parquetier n´avait même pas souri, histoire d´étaler son intérêt pour la question. «Non, M. le président. Je n´ai rien volé. Je n´ai jamais fui. Je ne suis pas un voleur. Au moment de l´arrivée de la police, j´étais sur les lieux et je n´ai pas été inquiété. Mon nom avait été donné par l´inculpé qui avait été arrêté pour un autre délit. Je suis innocent», avait répondu le détenu qui sera aux anges plus tard lorsque son conseil entrera en scène pour jouer son rôle de défenseur. S´attaquant à l´inculpation, Maître Laceb est allé droit sur cette fâcheuse façon d´arrêter les jeunes qui se trouvent sur le passage des éléments des services de sécurité: «M. le président, comment peut-on parler de l´édification d´un Etat de droit lorsque les agents chargés du maintien de l´ordre ramassent tous les jeunes qui se trouvent sur leur chemin? Il avait suffi ce jour-là que les coordonnées fussent données par un inculpé et que mon client soit sur les lieux, le jour du délit, pour que la catastrophe arrive!», s´était exclamé le défenseur qui rappellera, au passage, au siège que son client a vu le voleur à l´arraché mais qu´à aucun moment «Abdelhalim n´a participé ni de près, ni de loin au délit» ajoutant en latin: «nula, pena, sine lege». (nulle peine sans loi)» Ce qui fera réagir Barik: «Vous maîtrisez même le latin?», faisant allusion au français car l´avocat avait servi le matin d´interprète entre un Chinois et le tribunal! Sur le siège, le tribunal a purement et simplement relaxé Abdelhalim qui a fait le bonheur de Maître Laceb qui a lâché un hurrah en...tamazight! Décidément, Ouali!