«C´est de cette boîte d´allumettes que viennent tous mes problèmes.» Hosni Moubarak, lors de sa visite du siège d´Al Jazeera à Doha Le président égyptien, Hosni Moubarak, a, selon certains experts en communication, peur de s´exprimer à la télévision pour apaiser la tension que vit son pays. Il a toujours, selon ces experts, peur de subir le même sort que le président tunisien Ben Ali, qui s´est exprimé trois fois sur la télévision et qui a conduit à la révolution du Jasmin et à la chute inattendue du régime. En plus d´une révolution démocratique, c´est avant tout une révolution médiatique où les chaînes de télévisions d´information continue, Internet et les réseaux sociaux, ont eu leur part de succès et d´amplificateur de cette révolution. Depuis vendredi à 14h, (heure de la fin de la prière), trois télévisions ont maintenu le «live» sur les émeutes au Caire et l´affrontement parfois violent entre les manifestants hostiles au régime, et la police et les flics en civil. La couverture quasi permanente d´Al Jazeera, BBC Arabic et Al Arabya a obligé la puissante télévision d´Etat égyptienne Al Masrya, à diffuser (contre son gré) des images en direct des manifestations. Les spins doctors du régime égyptien ont convaincu le président de montrer les images des émeutes pour ne pas cacher le soleil avec le tamis. Des images soigneusement choisies. Des plans d´ensemble qui ne montrent pas la répression de la police et qui mettent l´accent seulement sur la fumée qui se dégage de la manifestation, tentant de minimiser l´action de la protestation. Al Masrya tente aussi de montrer des images de policiers en civil tabassant des manifestants. Celle-ci indique que les émeutes ont touché seulement le quartier de la Corniche au Caire, alors qu´Al Jazeera diffusait des images des émeutes à Suez et qu´Al Arabiya, proche du régime saoudien, a indiqué aussi que, tous les quartiers du Caire manifestent, soit 10 millions d´habitants, ce qui est un peu exagéré. En voulant contester les images des autres chaînes satellitaires, Al Masrya s´est discréditée. En effet, les images qu´elle diffuse peuvent aussi provoquer (si la répression se poursuit) un effet inverse, puisque Al Jazeera et surtout BBC piquent les images de la télévision égyptienne et les commentent à leur manière. L´erreur du pouvoir égyptien était aussi de s´en prendre à la presse internationale, France 24, LCI et I-Télé qui ont mit l´accent sur l´arrestation de quatre journalistes français, interpellés au Caire. Alors qu´Al Jazerra a passé toute la matinée à commenter l´arrestation et l´agression dont a été victime l´une des vedettes de la télévision qatarie, l´Egyptien Ahmed Mansour. Mais l´image la plus «parlante» et qui risque de faire le tour du monde, c´est celle du correspondant de BBC arabic, Assad Saoui, qui est apparu du haut des 20 étages de la tour où se trouve le bureau de la BBC au Caire, la tête en bandage et la chemise blanche couverte de sang, après une agression par la police égyptienne. Ceci s´ajoutera à l´image d´un manifestant abattu, en direct, par une balle dans la tête, (qui a fait le tour du monde) alors qu´il était loin des policiers. Ces images et d´autres, serviront à amplifier la contestation au Caire qui conduirait peut-être à la chute du régime Ben Ali... heu... je voulais dire... Moubarak. [email protected]