F. G. rate son Bac. Elle va se réfugier dans le mariage. La même année, elle s´aperçoit qu´elle s´est jetée du haut d´une falaise... Le fléau de cette fin d´année 2010, demeure le divorce. En mai, ce sont les nuits des rois, en hiver, ce sont les journées des «pourquoi?». Et le drame dans ces histoires où les paroles se déversent sans compter, avec des tonnes de salive, ce sont des jeunes qui rompent. Et ils rompent à tout-va. Tous les prétextes sont bons à prendre. Qu´un couple vive dans un milieu d´exiguïté manifeste, c´est la séparation. Qu´une belle-mère lance un mot de travers, c´est l´avocat à qui on rend visite pour...Qu´un jeune homme fraîchement marié lève la main sur son épouse plus jeune et donc plus fragile, c´est le certificat médical, le ministère public, les poursuites et la procédure du divorce ouvre grand les bras...Maître Mohamed Djediat, l´avocat de F.G., la vingtaine dépassée depuis quelques nuits, bat des cils lorsqu´on lui demande la nature de ce différend. Il est ligoté par le secret du métier. Alors, nous nous tournons vers l´audience où des dizaines de familles ont pris place en vue de régler définitivement le problème. Celui de F.G., mariée en mai 2010 à Hamid B., vingt-neuf ans, ne peut plus supporter de vivre au milieu de la famille du mari. «C´est un enfer, lance F. G. qui est vite calmée, par la présidente qui va alors inviter le couple dans son bureau pour une audience plus intime, là où la présidente de la section «statut personnel du tribunal», pourra naviguer à vue, mener le bateau de la réconciliation prévue par la loi et surtout par la volonté des juges, éviter l´iceberg en entier et pas seulement la partie visible, en l´occurrence ce que le couple va raconter. C´est pourquoi notre curiosité nous a poussés à aborder la dame qui avait, en attendant l´appel de la greffière, pris place dans un coin du couloir où se trouve le bureau sinistre et lugubre de la magistrate. Il y avait avant F.G. quelque douze personnes, soit six couples en voie de désagrégation. Ecoutez, M. siffle la très jeune dame, j´ai interrompu mes études à la suite de mon premier échec au Bac. Je me suis tournée vers le foyer. En une année, j´ai beaucoup appris aux côtés de ma mère, mes tantes, mes voisines de plus de trente ans! Et un jour, un tourneur s´était présenté à ma mère qui a vite dit oui, car mon père, que ma mère avait mis à la porte puisqu´il n´a pas voulu abandonner le dieu Bacchus, n´avait plus donné signe de vie. Il était retrouvé dans les montagnes où il avait vu le jour, avait refait sa vie avec une femme stérile, et voilà dix-sept ans qu´il se terre dans les bras de sa femme, une cousine veuve et sans enfant. F.G., s´essuie le cou car elle sue abondamment à travers cette partie du corps. Elle a aussi le nez qui suinte. Elle reprend le récit par la folle semaine de fête offerte par son mari «qui était heureux de m´avoir comme épouse. Or, Hamid était franchement comme un enfant devant sa mère. Elle qui lui avait inculqué un drôle de concept. Il me l´a dit dix, voire vingt fois: «Tant que ma mère est en vie, je resterai un enfant.» Et poursuit F. G., «le comble c´est qu´à chaque fois qu´il évoquait ce dévastateur adage, c´est la scène de ménage avec tout le chapelet (coups, crachats, menaces, insultes....) qui vous donne envie de partir loin, sur une île où il n´y pas d´hommes.» Maître Djediat arrive et devine que nous étions en train de récolter les «matériaux» d´une prochaine chronique. «J´ai envie de vous dire que pour ce qui est de cette malheureuse affaire, j´ai tout entrepris pour arrêter ce mauvais choix: le divorce.» Si Hamid ne dit pas non, F.G., elle, tient à rompre. La haine l´habite, car elle prétend qu´elle est au bord du suicide. Alors, pour moi, avocat, je la laisse choisir car cela va faire sept semaines de tentative de redressement de la situation, j´ai baissé les bras et il ne me reste plus qu´à aller jusqu´au bout de ma requête. Le reste relève d´Allah qui est à même d´éteindre le feu de la haine et de la bêtise», conclut l´avocat qui retourne les talons en attendant le huis clos...