Bac à blanc Nous sommes à la mi-mai. D?habitude, depuis une vingtaine d?années, les établissements scolaires et plus particulièrement les lycées sont désertés par les élèves. L?organisation matérielle du baccalauréat officiel, toujours fixé durant le mois de juin, jette les administrateurs scolaires dans une course contre la montre. Emballer à la va-vite le «bac blanc», dont les épreuves ne seront jamais corrigées, se débarrasser d?un revers pressé des conseils de classe, acculer les enseignants à vite remplir les bulletins, telles sont les activités de nos lycées et collèges au lendemain des compositions du troisième trimestre. Des activités, faut-il le souligner, qui ne tolèrent pas la présence des élèves. Trop gênants, ces «vandales» qui déversent leur agressivité en graffitis, casses et provocations en tout genre. Un profil d?élève qu?abhorrent nos bureaucrates trop longtemps divorcés d?avec la vie pédagogique pour comprendre les motivations de ces adolescents frustrés. N?est-ce pas du mépris ? sûrement un déni de droit ? à leur encontre que de les priver de la correction ? ô combien bénéfique ? de ces dernières compositions ? Surtout lorsque l?on sait qu?elles portent sur la dernière partie des programmes, celle qui comporte les leçons les plus importantes. Et si par malheur les sujets du vrai bac venaient à traiter (et c?est souvent le cas) de ces mêmes leçons ? Ce cas de figure s?est répété de façon régulière, lors des vingt dernières éditions. Bien des candidats recalés vous diront qu?ils n?ont pas étudié en classe telle ou telle question. En réalité, c?est le programme trop chargé qui n?a pas été consommé dans les normes et qu?ils n?ont pas pu assimiler à temps, ajouté à la fébrilité généralisée induite par l?approche à grand pas de la date fatidique. Cette année 2003-2004, la date des examens est reportée d?une vingtaine de jours. Nous osons espérer que les élèves, habitués aux vacances forcées dès la mi-mai, se verront accorder un délai de présence équivalent. Qu?ils bénéficieront de leçons, conseils et orientations de leurs enseignants jusqu?à la mi-juin. Serait-ce rêver que de les voir savourer la correction bien menée de leur bac (et brevet) blanc ? C?est un minimum à leur accorder, en attendant de mettre de l?ordre dans la grande planète scolaire qui ressemble de plus en plus à un volcan en ébullition.