Durant les deux heures de débats où la star du procès était un commerçant égyptien, on avait l´impression d´avoir suivi une longue séquence d´un feuilleton...avec un «happy end». Maître Abtout Sid Abdelhakem, la tête haute, sera le dernier plaideur à aborder les deux pans de ce dossier où le recel touche le client de l´avocat de la cité Nassiba-Malki, qui s´est voulu plutôt conciliant, affirmant que les objets acquis ont été trouvés chez lui. «Mon client a reconnu avoir eu le coup de foudre pour ces meubles lors d´une visite chez le couple, poursuit-il. Et, c´est ébloui, qu´il a accepté volontiers de les mettre dans son garage, le temps que Dounyazed et sa famille trouvent un logement, car il y a eu expulsion, ce qui a fait de cette situation un «chemin épineux» pour le bienfaiteur qui dit avoir seulement rendu service. Bahia Tabi, la présidente avait eu comme d´habitude, la bonne idée d´aller vers un procès bien instruit surtout que les avocats des inculpés, Maître Karima Guemache de Maître Benzine Jr avaient, d´emblée, introduit des questions préjudicielles quant à la précipitation du parquet à aller vers le flagrant délit et éviter l´instruction... et il est apparu donc que Achour Ibrahim Mahmoud, un importateur de meubles du Nil avait déposé plainte le 1er moharam 1432 pour escroquerie arguant du fait qu´il n´avait pas encaissé son fric (à l´audience, il a demandé 250 millions pour un lot de meubles de 120 millions, alors qu´aux gendarmes il a parlé de 140 millions de centimes. Et ça, ça pèse en justice). Le mandat de dépôt est signifié pour le couple de Kouba et la liberté provisoire pour celui qui a rendu service, désormais inculpé de recel. Il faut de suite rendre hommage à cette terrifiante juge du mercredi qui sait s´y prendre pour arriver à la vérité, même en pleins flots, en haute mer pleine d´incidents souvent mineurs. Et le plaisir de Dounyazed et celui de ses conseils n´en sera que plus attrayant après une semaine de mise en examen qui verra la relaxe du trio d´inculpés. Le légendaire accent a été un véritable acteur d´un monologue fleuve entrecoupé de cent questions de la présidente. A sa gauche, Dounyazed H. malade, lasse, dégoûtée par la détention préventive, n´a jamais pu atteindre la vitesse de croisière dans la présentation des faits. La victime de Blida a même troublé les esprits lorsqu´il a reconnu bien connaître la dame à qui il a rendu visite à six reprises au domicile de l´inculpée. Cette dernière a eu du mal à supporter le «réquisitoire de la victime que Tabi a sommé de baisser le ton et de ne plus s´exprimer avec les mains». Ce qui allait tempérer les ardeurs de la victime qui réclame, elle, la somme de 250 millions de centimes; l´Egyptien en voulait 30 millions et 150 millions de centimes». «Je l´ai connue par l´intermédiaire d´un ami commun», reconnaîtra-t-il d´emblée, avant de se plaindre du comportement de cette dame à l´aspect respectable. L´inculpée nie et dit exactement le contraire de ce qu´il a déjà avancé: «C´est un coup monté contre moi», ajoute-t-elle. «Qu´y a-t-il entre vous alors? dites-le au tribunal», coupe la magistrate qui cherche visiblement le chas de l´aiguille de cette rocambolesque affaire où la cupidité règne en maîtresse des lieux. Voilà où atterrit une mère de famille qui joue avec le feu, pas du commerce mais des affaires et du trabendisme. Même la juge du siège refuse les questions qui n´ont aucun lien avec le dossier. Elle remet l´Egyptien à sa place lors de la lecture d´un passage du procès-verbal de la gendarmerie où il est question de connaissance de haute moralité telles mesdames Bendjedid et Louisa Hanoune. Le commerçant, déstabilisé, tente de nier les propos. La présidente l´informe que jamais les gendarmes n´auraient transcrit les coordonnées d´honorables personnes, à défaut, il y a un faux. Le témoin n´apportera aucun élément nouveau. Il parle d´un récepteur TV-Plasma qu´il aurait cédé à Dounyazed sans trop de précisions... Bombardé de questions par Maître Benzine Jr, il a confirmé tout ce qui a été dit à l´audience par les antagonistes. Et ces derniers se contredisent.