Le salarié de la salle des fêtes est passé par le tribunal et sa salle d´audience pour revenir à la salle des détenus de l´immense taule des "4 Ha" pour six mois. Abdelaziz F., 24 ans, est un journalier dans une salle des fêtes de la banlieue d´El Harrach (Alger). Il a été surpris en pleine opération de tentative de vol dans une maison dont la propriétaire vit en Europe, loin des incertitudes relevées chez nous. Il a avait été surpris, car ce soir-là, il y avait une dame venue s´enquérir de l´état des lieux ou encore récupérer un reçu de Sonelgaz, ou de la Seaal etc. Devant les gendarmes, la bonne dame avait fait la description d´un jeune qui avait pris ses jambes à son cou une fois qu´il s´était aperçu qu´il venait d´être repéré par une ombre. Et lorsque les gendarmes sont aux trousses d´un présumé malfaiteur, ils ne prennent jamais des pantoufles pour gambader dans le pré aux voleurs en état de fuite. Une fois interpellé, il nie fermement. Il nie si fermement qu´il n´en avait plus la force ni le désir de le faire devant le procureur de la République, le jour J i-e, celui de la présentation. Et cette volte-face va permettre à Selma Bedri, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d´El Harrach (cour d´Alger) de «taquiner» un court moment le détenu tout confus, bien assisté par ce vieux diablotin d´avocat, nous nommons Maître Benouadah Lamouri qui va alors étaler toute la panoplie des ficelles qu´il tire de son sac et de sa gibecière, juste de quoi éblouir la présidente qui venait de transcrire la lourde peine d´emprisonnement de trois ans et donc d´aller droit dans l´oeil du désastre familial, surtout que l´inculpé est un délinquant primaire au casier quasi vierge et vivotant dans une famille nombreuse, honorable et sans tache noire, risquant de pousser un magistrat du siège à s´éloigner de l´octroi des larges circonstances atténuantes. Dans ce contexte, l´avocat de Dar El Beïda avait envie de s´envoler contre les demandes exagérées de la représentante du ministère public qui a eu douze secondes pour cracher une grimace qu´elle avait ramenée avec elle de Djendel (Aïn Defla) où elle était allée rendre visite à ses parents. Mais pour l´avocat, le parquet est libre de requérir dans les limites de la loi. Et de poursuivre son intervention autour du droit par qui veut que la femme qui surveillait les lieux est automatiquement témoin et ne peut prétendre au statut de victime ni encore moins à celui de partie civile. «Je ne vais pas, à mon âge, me permettre de donner des leçons à une juge du siège débutante dans la profession, mais je sais que vous avez, Madame la présidente, des capacités que je décèle à chaque fois que j´ai le privilège, le plaisir et l´honneur de plaider en face de vous. C´est pourquoi, je vous prie de rejeter la prétention du témoin pour une raison simple: la dame propriétaire vit à l´étranger et donc n´a pas vécu la tentative de vol», a récité le défenseur qui s´est aussi fait un devoir de rappeler le chapitre II: la tentative relevant de la classification des infractions, en l´occurrence l´article 30 qui dispose qu´ «est considérée comme le crime même, toute tentative criminelle qui aura été manifestée par un commencement d´exécution ou par des actes non équivoques tendant directement à le commettre, si elle n´a été suspendue ou si elle n´a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur, alors même que le but recherché ne pouvait être atteint en raison d´une circonstance de fait ignorée par l´auteur.»