Il y a une fête dans les environs de Hussein Dey (Alger). Nadir, un jeune du quartier est chargé d'accueillir les familles venues s'éclater dans la salle du coin. Les ennuis vont commencer ce mercredi soir devant la salle des fêtes et s'achever un autre mercredi après-midi dans la salle d'audience avec une bonne nouvelle pour Nadir que son défenseur n'a pas laissé tomber en effectuant juste son boulot, celui qui consiste à ramener la juge à être un peu plus vigilante que d'habitude. Abdelfatah S. est une victime qui ne s'est plus manifestée depuis le jour où il avait déposé plainte pour profération de menaces, fait prévu et puni par l'article 284 du code pénal et pour d'autres cas d'espèces, le 286 peut aussi être retenu. Le jour du procès, Bahia Tabi, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey (cour d'Alger) appelle Abdelfatah S. juste après Ali R., l'inculpé flanqué de son conseil, maître Tahar Kouadri qui passera une bonne vingtaine de minutes à expliquer en long et en large que le délit n'existe pas du fait même que la victime n'est pas présente et ce, malgré la sagesse et la magnanimité de la magistrate qui a dû renvoyer une première fois les débats pour atteindre ce monsieur. Tabi passe rapidement aux faits... - Que s'est-il passé dans les environs de la salle des fêtes il y a une dizaine de jours ? demande la lèvre haute la présidente qui allait être servie et comment... - Madame la présidente, répond Nadir l'inculpé, j'avais été chargé de surveiller le périmètre de la salle des fêtes, là où les familles quittaient leurs voitures, c'est alors que j'ai surpris ce gars en train de taquiner les jeunes filles coquettement vêtues pour la circonstance et cela m'avait contrarié, moi, qui avais eu la confiance des organisateurs de la fête, récite l'inculpé. - Vous lui aviez-vous balancé des mots blessants ?, insiste la juge qui avait les yeux sur le PV d'audition. - Rien de tout cela madame la présidente. Je lui avais conseillé de se tirer, de se casser, de laisser les gens tranquilles. Il a continué à siffler les familles qui arrivaient. Il s'est même permis la folie de me demander de me la f... de m'occuper de ma sœur. J'ai vu rouge mais je me suis retenu. Alors là, je lui ai répondu... - De quelle manière ? intervient Halim Boudra, le représentant du ministère public lequel avait demandé à l'inculpé de répéter les menaces... - Non pardon, madame la présidente, lance l'avocat, pas les menaces, les conseils. Maître, s'il vous plaît, ici c'est le tribunal qui dirige les débats. Laissez monsieur le procureur achever sa question, clame Tabi qui se retenait pour une fois de ne pas taper sur le pupitre. - Madame la présidente, je vais répéter mot à mot ce que j'avais conseillé à ce Abdelfatah ! Je lui ai dis exactement qu'il valait mieux pour lui qu'il change de lieu et d'air... - Voilà, ce sont des menaces avec : «Il valait mieux» jette Boudra qui a vu maître Kouadri sursauter. Dans la foulée, le parquetier requiert six mois de prison ferme pour menaces. Prenant la parole, l'avocat joue vite et bien... «La vérité, madame la présidente est que Nadir L. a empêché la pseudo-victime de jouer sur le dos et la dignité de familles. Il a même empêcher les gens d'intervenir et d'avoir une catastrophe»! avait plaidé ce vieux renard des juridictions, qui demandera à la juge d'être censée, raisonnable et indulgente car de menaces point. De victime, point. De témoins point. - Maître, je vous en prie, il y a une plainte... coupe Tabi. - Oui, oui, la défense est OK avec vous : une plainte, point à la ligne. C'est dans cette optique que la relaxe sera là et à défaut, la relaxe au bénéfice du doute, ricanera le défenseur que le verdict, relaxe, va faire sourire, sourire, sourire... jusqu'à Bourouba ! Pour une fois que Tabi n'a pas joué du tam-tam !