Un Syrien du Cham est battu à H´raoua. Il comparait pour rixe, avec six Algériens, dont le gardien. Abdellatif Kamel est un investisseur syrien, dans le domaine de la trans-formation des abats de poulet, lesquels s´ils étaient balancés sur le sol, feraient un massacre écologique. Il a commencé depuis deux années son activité à H´raoua et Ouaguenoun (Tizi Ouzou) en créant des emplois. Et le voilà à la barre, devant le président de la section correctionnelle du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès) Belkadi, ce juge patient, qui a entendu les sept inculpés de rixe, article 268 du Code pénal. Six Algériens contre deux: un Syrien et un Algérien. L´enfant du «Cham» avait eu, à 63 ans, la latitude de raconter les faits remontant au 23 novembre 2010, alors que c´est censé être un flagrant délit. Selon Abdellatif, il se trouvait le soir tard, dans son hangar à chambre froide «lorsque Mehdi, un voisin visiblement éméché, avait fait intrusion poussant le gardien, demande après moi et se dirige vers mon bureau pour m´agresser», a raconté Abdellatif Kamel qui a ajouté que «ce même Mehdi avait alors appelé quatre autres agresseurs qui nous ont tabassé mes employés et moi. Ils m´ont laissé à terre évanoui dans un mauvais état, avant de quitter les lieux. Samia, la secrétaire, avait entre-temps, alerté le «17». Les policiers ne tardèrent pas à arriver et embarquer les agresseurs et agressés. Ils seront entendus et inculpés de rixe. Ce que refusera, à la barre, Maître Djazia Nasri, la jeune et belle avocate qui balancera: «Mon client a fait l´objet d´une violation de domicile et de coups et blessures volontaires, et le parquet qui ne trouve pas mieux que de passer à côté du sujet en ne qualifiant pas correctement les faits.» Ce que reprendra plus tard, mais à l´envers, Maître Yahia Chemli, l´avocat des cinq autres inculpés de rixe. Au milieu des vagues, Ouahiba Chebaïki, la représentante du ministère public, elle, s´est contentée du respect de l´indivisibilité du siège. Devant Mohamed Ettahar Belkadi, le juge, un à un, les inculpés déverseront leur version entrecoupée par les nombreuses questions des deux avocats plus que motivés, pour tirer à eux la couverture du gain de cause. Et Belkadi de poser cette question volumineuse: «Mais pourquoi tout cela? Comment en êtes-vous arrivés aux coups échangés? Aux certificats médicaux?», marmonne le président qui aura les réponses qu´il cherchait pour voir un peu plus clair dans le dossier qu´il a dû décortiquer avec beaucoup de conviction. On parle rapidement de lourds contentieux, de loyers, de désirs d´expulsion, de manque d´égards à l´encontre de cet «étranger» qui avait pourtant souligné son apport et un apport précieux dans l´économie algérienne pour ce qu´il est venu renforcer, pour ce qui est dans la préservation de l´environnement, car tout un chacun n´ignore pas les effets néfastes que produisent les abats de volatiles jetés ça et là, dans la nature sur les nappes phréatiques. Maître Djazia Nasri, élégante et incisive, apportera son lot de questions tout comme Maître Yahia Chemli qui a l´âge de son adversaire du jour, qui a crié son désespoir de voir l´inculpé Slimane Mameri être ballotté par le Syrien, qui ne sait plus qui a battu qui. Durant leurs plaidoiries, la jeune avocate, Maître Nasri avait déploré le fait que son client soit venu de la majestueuse Syrie, «ce pays frère et ami» dont les ressortissants viennent ici bosser, bosser et bosser, et non s´adonner aux rixes inutiles, sources d´ennuis», avait dit l´avocate de Rouiba, alors que Maître Chemli, lui, axera son intervention sur son étonnement d´entendre sa très jeune consoeur constituer son client en partie civile et demander au juge la requalification des faits. Maître Chemli ira jusqu´à jeter une fleur en direction de l´admirable Ouahiba Chebaïki, la procureure, à qui il rendra hommage, car elle avait bien fait en pointant l´inculpation contre les sept inculpés évitant de «faire» dans le laxisme du parquet ou pire, dans la référence des uns contre les autres. Il est vrai que précédant son aîné, Maître Nasri avait crié: «Honnis sont ceux qui ont passé sous silence les agresseurs dont Mehdi de Abdellatif Kamel, le Syrien, qui a normalement le statut de victime de coups et blessures avec en prime, un arrêt de travail de trente jours, alors que Mehdi n´a pu établir un certificat médical de six jours!» Et l´avocate de lancer que c´est somme toute ce Slimane qui a poussé les autres à jouer aux agresseurs armés de gourdins. «Peut-être qu´ils étaient sous l´effet de sniff de came...», avait-elle articulé: ce qui fâchera, pour neuf secondes, Mohammed Tahar Belkadi, le juge du siège vite remis en selle par une grimace qui a embelli Maître Djazia Nasri venue au tribunal jouer son va-tout, afin d´éclairer le président dont il faut souligner la capacité à conduire des débats parfois houleux, mais jamais agressifs. Retentons toutefois, que Samia, la secrétaire particulière, l´unique témoin, a été invitée à attendre dans la salle des «pas perdus» jusqu´à ce que le tribunal la rappelle et ce même tribunal va complètement l´oublier malgré le rappel poli et tardif de Maître Nasri, qui a préféré en rire plutôt que de dramatiser. Et cela a plu à Ouahiba Chebaïki, qui avait réclamé une peine de prison de six mois ferme, pour les sept inculpés, du Syrien aux H´raouis. Le verdict a été mis en examen pour mardi prochain. A bon entendeur, salut.