«Je hais autant que les portes d´Hadès celui qui cache sa pensée au fond de lui-même et qui dit autre chose.» (Iliade, IX, 309-3102.) Je vous avertis que cette formule me plaît. Tant pis pour vous! Le mensonge revêt plusieurs costumes tant il a été utilisé dans la courte histoire de l´Humanité. C´est la raison pour laquelle, il faut souvent avoir recours aux encyclopédies pour en saisir toutes les nuances et toutes les apparences. «Le mensonge est l´énoncé délibéré d´un fait contraire à la vérité, ou encore la dissimulation de la vérité (dans ce dernier cas on parle plus particulièrement de mensonge par omission). Il ne faut pas le confondre avec la contre-vérité, qui désigne simplement une affirmation inexacte, sans préjuger du fait que son auteur le sache ou non. Le mensonge est une forme de manipulation qui vise à faire croire ou faire à l´autre ce qu´il n´aurait pas cru ou fait, s´il avait su la vérité. En général, le mensonge s´oppose à la véracité (le fait de dire le vrai), à la sincérité ou à la franchise. Plus précisément, mentir consiste à dire le contraire de sa pensée dans l´intention de tromper. L´intention de tromper permet de distinguer le mensonge d´autres usages faux de la parole, faits dans le but de divertir ou par pur procédé rhétorique (comme dans le cas de la litote). À ce titre, il est considéré comme un vice ou un péché par la tradition morale philosophique et religieuse. (Wikipédia). C´est ainsi que les hommes qui, critiqués pour le fossé qui sépare leur conduite de leur discours, sont en premier les hommes de religion, ceux qui prétendent être les intermédiaires entre le Créateur et Ses créatures: «Fais ce que je te dis et ne fais pas ce que je fais» est le schéma collé aux hommes de (mauvaise) foi qui prêchent l´abstinence, la retenue et le détachement des choses matérielles (l´argent est la salissure de la vie!) mais qui, dans leur intimité, s´en donnent à coeur joie. Depuis les curés amateurs de bon vin chers à Rabelais jusqu´aux derniers scandales qui ont ébranlé l´Eglise catholique, apostolique, romaine comme anglicane, on s´aperçoit que Sodome et Gomorrhe ne sont pas très loin. On s´aperçoit vite que tous les hommes sont faits de chair et de sang et qu´ils obéissent aux mêmes lois de l´implacable Nature. On pardonne vite aux hommes de religion de succomber à la tentation du Mal à condition de ne pas le masquer par un mensonge. On ne pardonne pas aux hommes politiques de mentir pour la simple raison que leur mensonge se construit sur la misère des autres. Dans l´Iliade, c´est au rusé Ulysse qu´échoit le rôle de négocier avec les Troyens: le diplomate est celui qui manipule le mieux le mensonge. Les Amérindiens traitent les hommes blancs qui mentent de langues fourchues: ils les assimilent à des serpents. Les derniers événements nous montrent que l´homme politique construit sa carrière sur le mensonge et la dissimulation: George W. Bush et Tony Blair ont clos leur carrière politique par un odieux mensonge qui a coûté la vie à des centaines de milliers d´Irakiens, occasionné des déplacements de plusieurs millions d´autres et généré des souffrances à toute une région pour longtemps encore. Cela ne dédouane pas pour autant les dictateurs arabes qui entassent des liasses de billets de banque dans leurs «bibliothèques» tandis que leurs sujets s´immolent par le feu parce qu´ils n´arrivent pas à joindre les deux bouts. Souvent le mensonge s´habille de costume bigarré: la commedia dell´arte nous donne un exemple frappant dans Arlequin: «Cet aigrefin si fantasque, au costume fou, les yeux luisants sous le masque». Arlequin était le trotskyste de service, masqué et maquillé: deux mots pour dire la même chose. Cependant des hommes qui ont essayé de rétablir la vérité ont été traités de négationnistes ou de révisionnistes quand ils ne sont pas simplement éliminés: «Le premier qui dit la vérité, il sera exécuté!» (Guy Béart).