«Pour que je te présente à mes parents tu dois faire une petite formalité de rien du tout devant un imam tout gentil, tout con» Sofia Essaïdi extrait de Aïcha On attendait une belle comédie beur blanc rouge, on est tombé sur une chakchouka couscous à la sauce africaine. Le dernier téléfilm de Yamina Benguigui Aïcha 2 est un magnifique ratage, autant sur le plan technique que sur le plan thématique et culturel. Après le succès d´audience du premier volet qui avait réuni 5,3 millions de personnes (22%) en mai 2009, Yamina Benguigui voulait en remettre une couche, mais c´est raté. Sur le plan médiamétrie et aux yeux des professionnels, c´est raté aussi, puisque la suite de Aïcha n´a convaincu que 3,9 millions de Français (15% du public). Il y a plus d´Algériens qui regardaient Aïcha que de français. Pour cause, les Algériens voulaient découvrir ces deux égéries: Biyouna et Isabelle Adjani jouer ensemble. Une fois de plus, les Algériens ont été déçus, mais cette fois à jamais. Car nos deux stars sont confrontées dans une scène tout à fait hilarante, d´insultes en arabe, inutiles et injustifiées. Car la linguistique est importante dans l´espace cinématographique d´un pays. Pensant imiter Scorsese dans Mean Street, Yamina Benguigui s´est plantée et les Algériens et les Maghrébins ont tout de suite zappé. Mais qu´est-ce qui a pris à cette réalisatrice née en 1957, qui a débuté sa carrière comme assistante de réalisation avant de fonder, avec Rachid Bouchareb une société de production nommée Raya Films? Pourtant, elle avait obtenu plus de moyens financiers, plus de vedettes et surtout, un meilleur créneau que l´année précédente. Le téléfilm intervenait au beau milieu du débat sur la laïcité et l´Islam en France, donc d´actualité. C´est d´ailleurs sur l´Islam que la réalisatrice avait concentré son angle d´attaque dans le film, en déballant tous les clichés possibles et imaginables contre la religion de ses ancêtres. Elle s´attaque, notamment aux Arabes et Françaises converties à l´Islam, en expliquant qu´il suffit d´une minute pour devenir musulman et quatre ans pour devenir juif. Elle affirme, dans le film, que pour se marier avec Aïcha, un non-musulman doit simplement faire la chahada, alors que son père lui préconise de se faire circoncire. Benguigui a également tenté de faire un rapprochement entres les femmes voilées et les femmes juives loubavich. Pour critiquer indirectement Diams, qui s´est convertie à l´Islam, benguigui n´hésite pas à mettre en scène une convertie chanteuse de rap qui danse comme Diams. Ce téléfilm à deux «douros» de France 2 est bourré de clichés qui ne sont pas forcément faux mais qui ne représentent pas l´image d´une communauté maghrébine en France. La scène la plus émouvante du film, c´est celle de Gloria, une Algérienne comme Aïcha qui était prête à tout pour prendre un job à la mairie de Paris. Une histoire probablement autobiographique de Yamina Benguigui qui a dû adopter un autre nom, (son vrai nom, Yamina Zohra Belaïdi) pour arriver à la mairie de Paris et devenir adjointe au maire en charge des droits de l´homme et de la lutte...contre les discriminations! [email protected]