Les rescapés de cette terrible catastrophe n'avaient qu'un seul mot à la bouche: «C'était l'enfer...». Hier, au niveau de la cellule de crise mise en place au siège du Palais du gouvernement, un climat pareil à celui d'une véritable ruche régnait jusqu'à une heure tardive de la soirée. Pas de doute que le même climat continuât de régner toute la nuit durant. Les nouvelles, parvenant des centaines de communes et milliers de quartiers, touchés par le séisme de mercredi soir, faisaient régulièrement état de nouveaux cadavres sortis des décombres ainsi que de blessés décédés au niveau des hôpitaux et d'autres, plus ou moins gravement touchés, découverts sous les ruines de leur maison. Hier, à l'heure où nous mettions sous presse, le tout dernier bilan faisait état de 1600 morts et 7207 blessés. Pas une minute ne passe sans que ce chiffre soit de nouveau revu à la hausse. C'est ce qui explique pourquoi des rescapés de cette terrible catastrophe n'avaient qu'un seul mot à la bouche: «C'était l'enfer...». Des immeubles entiers, intégralement effondrés, attendent toujours d'être déblayés. Les zones touchées, côtières et proches ou situées dans la capitale, sont à très forte densité populaire. En 48 heures à peine, le bilan a été multiplié par presque 100. Des estimations craignent que le bilan définitif n'avoisine les quelque 3000 morts entre les décès régulièrement enregistrés au niveau des hôpitaux et les cadavres que les équipes de secours continuent de sortir régulièrement de sous les décombres des édifices effondrés. Le nombre de personnes portées disparues, en effet, serait quasi équivalent à celui des décès déjà enregistrès officiellement par les pouvoirs publics. La catastrophe nationale, déjà décrétée par les plus hautes autorités du pays en Conseil des ministres, ne cesse de grandir au fil des heures et des jours. Ce tremblement de terre, selon les experts internationaux, est l'un des plus meurtriers et des plus importants qu'ait jamais connus le pays. Il a atteint, en vérité, une magnitude de 6,8 sur l'échelle de Richter, ce qui le place très près de celui de l'ex-El-Asnam qui avait, lui, atteint en 1980 une magnitude de 7,1. Le pire, estime-t-on encore, c'est que le séisme a eu lieu au moment où la télévision algérienne diffusait en direct la finale de la coupe de l'UEFA. Jeunes et moins jeunes, contrairement à leurs habitudes en cette heure de début de soirée printanière, étaient chez eux. Un phénomène qui, hélas, a grandement contribué à alourdir le bilan. Dans les zones proches de l'épicentre, des quartiers entiers se sont effondrés, notamment à Réghaïa, Rouiba, Thénia, Boumerdès et même certains quartiers de la capitale. Les équipes de secours qui, petit à petit, se sont organisées avec l'aide des troupes de l'ANP, des citoyens et des secouristes étrangers, poursuivent d'arrache-pied les opérations de sauvetage et d'extraction des victimes. De temps à autre, trop rarement hélas, de bonnes nouvelles nous parviennent. Pas moins d'une dizaine de miraculés ont ainsi pu être sortis des décombres de leurs maisons respectives aussi bien à Boumerdès qu'à Alger et Bateau cassé, non loin de Bordj El-Bahri. Mais à mesure que les recherches s'éternisent dans le temps, sortir encore des sinistrés vivants devient quasi impossible, manquant cruellement d'eau, d'air, souffrant souvent de nombreuses contusions et perdant espoir au fil des très longues heures qui, inexorablement, s'égrènent. Sur le plan des dégâts matériels, comme le montre le tableau publié, le nombre d'immeubles et de bâtisses individuelles effondrés est de plusieurs centaines alors que d'autres sont sérieusement touchés de même que des écoles, des mosquées, de diverses infrastructures étatiques, financières et économiques.