Une nouvelle instruction interministérielle a été mise en circulation. Il est un fait évident que l'une des sources de financement des clubs de football la plus convoitée est celle qui est constituée par les recettes réalisées aux guichets des stades. Le football, comme toute compétition sportive est, avant tout, un spectacle pour lesquels les gens doivent s'acquitter d'un droit d'entrée pour y assister. La loi oblige tout organisateur d'une telle manifestation à déduire de la recette réalisée des taxes redevables en matière de fiscalité. D'ailleurs, en règle générale, avant leur vente aux spectateurs, les billets doivent être cachetés du sceau de l'administration des impôts. Cela se faisait avant, mais presque plus maintenant parce que l'anarchie qui règne dans le football a gagné tous les secteurs, y compris celui réputé comme étant un gage de sérieux et de rigueur, à savoir celui des finances. C'est comme si le football disposait d'un passe-droit, un privilège où tout lui est accordé jusqu'à la vente de billets sans qu'aucune justification ne lui soit demandée. En Algérie, dans 95% des cas, les stades de football appartiennent aux APC. Les 5% restants sont constitués par les fameux Opow placés sous tutelle du MJS. Normalement, lorsqu'un match de football est organisé dans un stade, son directeur décide du nombre de places à mettre en vente. Il dégage, pour cela, les tickets appropriés, se déplace chez le receveur des impôts de sa commune et fait tamponner tous ces tickets. Le jour du match, il répartit sa recette en fonction des ayants-droit à savoir l'APC, l'administration des impôts, les vacataires du stade, les services de police et de la Protection civile, les clubs ainsi que la FAF et la LNF. L'argent ne passe pas de main en main mais est versé soit aux impôts, soit à des comptes CCP. Les billets non vendus sont restitués aux impôts qui peuvent, ainsi, vérifier que la recette réalisée correspond bien au nombre de billets qui ont été achetés par les spectateurs. Cette procédure est adoptée dans tous les stades communaux ou du moins l'était car comme on le verra, elle est presque entièrement disparue. Quant aux Opow, tout ce qu'ils réalisent comme recettes c'est motus et bouche cousue. A ce jour, les clubs, la FAF et la LNF attendent encore l'argent qui doit leur revenir. L'anarchie s'est installée lorsque le ministère de l'Intérieur et le ministère des Sports ont décidé de permettre aux clubs de gérer soit entièrement les stades soit partiellement uniquement les jours des matches. C'est connu, les clubs ont une fâcheuse manie de gérer leurs comptes à leur manière sans se soucier de l'administration. Cela s'est fait avec la complicité passive de cette même administration, laquelle, au nom de la paix sociale, ne veut pas trop se mêler des affaires, notamment financières, des clubs. Parmi ces derniers, il y en a aujourd'hui qui se permettent de vendre des tickets sans aviser les services des impôts. Inutile de vous dire qu'ils ne versent pas un centime à ces derniers. Il est clair que des clubs ne réalisent presque rien comme recettes, notamment les lundis, jours ouvrables donc de travail mais dans leur grande majorité, ce sont des dizaines de millions de centimes qu'ils voient affluer dans leurs caisses. D'autres ont même usé d'une double billetterie, la seconde étant destinée à alimenter une sorte de caisse noire du club et on vous laisse de côté ceux qui vous font payer plus cher que le tarif inscrit sur le billet pour les mêmes motifs. Allez savoir qui se sert de cette caisse noire et si réellement elle est utilisée au mieux des intérêts du club? Aussi, un nouveau dispositif réglementaire a été institué pour tenter de mettre fin à toute cette anarchie. Il s'agit d'une instruction signée par le ministre des Finances et le ministre de la Jeunesse et des Sports relative à la gestion des recettes réalisées à l'occasion des compétitions sportives. Le texte impose dorénavant à l'organisateur du spectacle, l'interdiction de la double billetterie et l'oblitération des billets auprès de l'administration des impôts à laquelle il devra verser sa quote-part en matière de taxes. L'instruction indique qu'il ne s'agit que de mesures provisoires en attendant la réactualisation du dispositif actuellement en vigueur. Les impôts et les DJS sont invités à mettre en pratique ce dispositif et il ne fait pas de doute que ça va râler du côté des clubs.