L'Etat hébreu a renforcé ses mesures de sécurité peu après le déclenchement des bombardements américains sur l'Afghanistan. Les Israéliens ont encore en mémoire la guerre du Golfe en 1991. Israël s'était alors préparé à l'éventualité d'une attaque de missiles irakiens à ogives chimiques. 39 missiles sol-sol scud irakiens à ogive conventionnelle avaient, alors, touché le territoire israélien et fait des morts, des blessés et des dégâts matériels conséquents. Comme dans un réflexe de survie, mais non d'à-propos, les ressortissants israéliens s'emparent, aujourd'hui, de leurs masques à gaz. Dès les premiers raids américains contre l'Afghanistan, la sécurité était plus que jamais au coeur des préoccupations des Israéliens qui, prévoyant le pire, continuaient à se présenter dans les centres de distribution de masques à gaz. Dans un des centres de Jérusalem-Ouest, des dizaines de citoyens «juifs» sont venus renouveler leur kit, destiné à les protéger d'une éventuelle attaque de missiles à ogive chimique qui seraient lancés contre Israël par leur ennemi juré irakien. A l'entrée de chaque centre de distribution de masques, une vidéo diffuse en continu des conseils relatifs à leur utilisation. Bien que l'éventualité de la réédition du scénario de 91 soit à classer en seconde position, après une autre menace bien tangible: celle du Jihad islamique au sein même du Proche-Orient. Et les juifs d'Israël sont bien conscients du bien-fondé de cette hypothèse; le porte-parole de l'organisation de Ben Laden, El-Qaîda, Soleïman Abou Ghaith, n'a-t-il pas lancé un appel au djihad, avant même que Ben Laden ne s'exprime à son tour. «Ô peuple de cette Nation! Le djihad vous appelle, le djihad contre les juifs et les Américains, le djihad au nom de Dieu», a-t-il déclaré. Et l'audace légendaire du Hezbollah libanais est là pour le rappeler. Lui, qui a bombardé les kiboutz israéliens quand ce ne sont pas des opérations et embuscades militaires en bonne et due forme et d'où l'«ennemi sioniste» sort souvent avec un décompte macabre. Que dire encore du Jihad islamique et du Hamas palestiniens rodés aux actions kamikazes menées avec minutie et qui laissent souvent des séquelles à l'entité juive d'Israël? Jacob Dalal, porte-parole de l'armée israélienne, déclare: «La menace d'attentats-suicide est bien plus importante que celle de missiles.» Aujourd'hui, l'offensive contre Israël, si elle venait à avoir lieu, serait plutôt «centripète», car aujourd'hui, ni l'Irak ni l'Afghanistan ne présentent une attitude d'attaque manifeste. Toutefois, il est utile de retenir que l'Afghanistan ne peut être l'auteur d'une entreprise belliqueuse immédiate du fait qu'il soit déjà acculé par les forces de la coalition du Nord. D'autant plus qu'il n'a ni les moyens ni la logistique de finaliser une telle visée martiale. Quant à Saddam Hussein, qui a tiré trois salves lors de la destruction du WTC, il peut réserver bien des surprises guerrières pour peu que la situation dans le monde arabo-musulman s'y prête et que la rue «bascule» dans les capitales orientales. Ennemi incontestable de l'Amérique, mû par la passion, Saddam Hussein pourrait ainsi contenir une «impulsivité» à plus ou moins long terme, pour faire usage, enfin, de son arsenal de «projectiles». N'est-il pas arrivé au summum de l'engagement anti-US en ajoutant à son emblème national les lettres sacrées d'«Allah ou akbar». Pour l'heure, loin de voir arriver le danger du ciel, c'est plutôt des entrailles mêmes des territoires occupés et de la frontière libanaise que le danger pourrait venir. Et les Israéliens sont plus que jamais conscients que l'Intifada pourrait constituer le relais idéal d'un Ben Laden qui a fait serment de combattre Américains et Israéliens. « Je jure par Dieu que l'Amérique ne connaîtra plus jamais la sécurité, avant que la Palestine ne la connaisse et avant que toutes les armées occidentales athées ne quittent les terres saintes (de l'Islam)», a-t-il dit.