Il ne fait plus aucun doute quant à la nature des intentions israéliennes vis-à-vis de Téhéran avec la mise au point de cette arme en mesure de toucher tout le territoire iranien, surtout qu'Israël veut à tout prix empêcher le régime d'Ahmadinejad d'acquérir la bombe atomique. Entre Israël et l'Iran, la tension est montée d'un cran jeudi, avec l'annonce par l'Etat hébreu du succès des essais d'un nouveau missile balistique d'une portée de 4 500 km, qui pourrait être équipé d'une tête nucléaire, chimique, ou bactériologique d'un poids pouvant atteindre 1 300 kg. La plus grande satisfaction des dirigeants israéliens réside dans le fait que ce missile peut toucher n'importe quelle partie du territoire iranien. Il s'agit là d'une réponse directe d'Israël à Téhéran, laquelle avait elle aussi mis au point, il y a quelques mois, des missiles conventionnels dont la portée permettait d'atteindre des objectifs en Israël, notamment le Chihab III. En plus clair, une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes ne constituerait pas une surprise, dans la mesure où les responsables de ce pays n'ont pas hésité par le passé à recourir à cette solution pour empêcher leurs rivaux d'acquérir l'arme nucléaire. Selon les experts, Israël qui a refusé de signer le Traité de non-prolifération des armes nucléaires dispose d'au moins 200 ogives nucléaires ainsi que de missiles longue portée et de sous-marins pouvant tirer des missiles balistiques. Seule puissance nucléaire dans la région, ignorant superbement les timides requêtes de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour inspecter ses installations nucléaires, Israël ne veut en aucune manière perdre son avantage sur ses ennemis potentiels. Elle se permet, en application de la “doctrine Begin”, de recourir aux solutions extrêmes pour parvenir à ses fins. En effet, l'ancien Premier ministre israélien Menahem Begin avait donné son feu vert à la destruction en 1981 par la chasse israélienne d'une centrale nucléaire irakienne construite par la France près de Bagdad. Des avions israéliens avaient réduit à néant les efforts irakiens durant les années quatre-vingt en bombardant leur réacteur nucléaire. Plus récemment encore, en septembre 2007, pour de simples doutes, ils ont attaqué un centre syrien en septembre dernier, de peur de voir ce pays développer ses recherches en la matière. Sur ses gardes, Téhéran n'a pas tardé à réagir à l'annonce des essais israéliens en mettant en garde Tel-Aviv, par la voix de son président Mahmoud Ahmadinejad, contre toute agression en promettant une riposte qui fera regretter à Israël son geste. “L'entité sioniste n'a pas l'audace d'agresser l'Iran parce qu'elle sait que toute agression contre le territoire iranien comportera une riposte violente et fulgurante. La riposte iranienne lui fera regretter une telle action”, a déclaré Ahmadinejad. Il ne manque pas d'ajouter : “Cette entité sioniste bâtarde n'est acceptée par aucun peuple de la région. Elle n'obtiendra pas de légitimité par les menaces. C'est une poignée de terroristes et de criminels, des ennemis de l'humanité.” Cela étant, forts du soutien des Etats-Unis, réitéré par George Bush lors de sa dernière visite dans la région, les responsables israéliens n'hésiteront certainement pas à passer à l'action pour peu qu'ils trouvent l'occasion propice, surtout que Washington multiplie les initiatives pour stopper le programme nucléaire iranien. D'ailleurs, et dans le même ordre d'idées, Bush a approuvé l'ensemble des conclusions du renseignement américain sur le nucléaire iranien, a indiqué un porte-parole de la Maison-Blanche. K. ABDELKAMEL