ces régions «craignent» la nuit. La wilaya de Tizi Ouzou, certes moins touchée que Boumerdès et Alger, présente tout de même un état assez sérieux avec près de 9000 sinistrés provisoirement abrités dans 801 tentes distribuées à travers toute la wilaya. Les zones classées sinistrées, telles que Tigzirt, Tadmaït et Sidi Naâmane, n'arrivent pas réellement à comprendre ce qui s'est passé. D'autres régions comme Draa Ben Khedda, Tizi Ouzou et Mizrana «craignent» la nuit. Quand on arrive à Tadmaït, par l'autoroute, on s'aperçoit à peine de l'immensité des dégâts. Et quand on compare avec les régions de Boumerdès, l'on se dit: «Ici, il n'y a rien ou pas grand-chose.» Mais la réalité dépasse la fiction. Près des deux tiers de la ville et plusieurs villages de la commune sont atrocement touchés dans le bâti d'abord, puis dans le psychique des citoyens. Comme un peu partout dans les régions plus ou moins proches de l'épicentre, à Tadmaït, à Draâ Ben Khedda, à Sidi Naâmane, à Mizrana et dans certains quartiers de Tizi Ouzou, les enfants ont perdu le sourire et sont «habités» par la frayeur. Pour revenir à Tadmaït, il faut dire que le recensement des habitations et des immeubles par le CTC battait son plein, durant la soirée de jeudi. En ville, ce sont au moins une dizaine de bâtisses qui se sont écroulées, tel l'ancien siège de l'APC jouxtant la nouvelle mairie. Le central téléphonique, la gare ferroviaire, l'unité des moulins Eriad, portent la sinistre croix rouge, celle-là que les gens craignent plus que tout. La maternité, les blocs administratifs des CEM ex-Bayou et Benramdani sont sérieusement ébranlés. La cité Eplf des 200 Logements, les cités APC-Cnep des 80 Logements, 150 Logements, 75 Logements et 50 Logements présentent de lugubres fissures faisant plus que peur. Des bâtiments qu'il semble impossible d'habiter et de consolider, semblent promis à une destruction certaine. Des béances sont observées tant au niveau des murs porteurs que des cloisonnements. Partout, les «croix rouges» sont nombreuses! Des piliers sont sérieusement ébranlés ou présentent de graves fissures. Les habitants ont déserté leur appartement, n'emportant que le strict nécessaire pour se réfugier sous des tentes, près des cités ou encore dans la cour de l'école élémentaire contiguë à la cité Eplf. Une école elle-même très touchée. Près de 600 familles de la commune sont ainsi déclarées sinistrées. Ces familles rencontrent le grave problème du manque crucial de tentes. Dans les sites d'accueil, quand on discute avec les sinistrés, c'est ce point qui revient le plus souvent. Au niveau de l'école Eplf, des pères de famille, dignes dans le malheur, ne demandent pas grand-chose: «Des tentes, des sanitaires, de l'eau!» Des tentes, c'est ce qui, apparemment, manque le plus. AAu niveau de l'APC, les élus, le maire en tête, ne savent plus où donner de la tête. Pour eux, le manque de tentes est si criant qu'il y a des guitonnes qui abritent jusqu'à 20 personnes. Une promiscuité qui ne saurait durer. D'autres citoyens ont fait appel au «système D»: des roseaux, un film plastique et les familles, hier encore dans leur appartement, deviennent des SDF. A la cité du 8-Juin, on a rencontré un citoyen: M.Merzouk, qui ne demande qu'une pelle mécanique ou un engin pour...détruire la maison qu'il n'a pas fini de construire et qui menace de s'effondrer. C'est aussi le cas de M.Meziane. S'il est relativement dur de voir s'écrouler sa maison qu'est ce que ces citoyens doivent souffrir pour détruire, eux-mêmes, le fruit de tant d'efforts. «Dites-leur que l'on nous envoie des tentes, le reste on peut s'en passer.» Tel est le cri des sinistrés réfugiés à l'école Eplf de Tadmaït. Ils sont nombreux à venir exprimer finalement la même demande. Il est vrai que 120 tentes pour près de 200 familles, c'est plus qu'insuffisant! L'APC ne pouvant donner que ce qu'elle a, et les sinistrés essaient de lutter pour préserver le maximum de leur intimité. Au niveau de l'école Eplf, des jeunes filles : Mlles Kacimi, psychologue et Ben Mokhtar, assistance sociale sur le site depuis mercredi dernier, redoublent d'efforts pour essayer de remonter le moral à l'un et d'encourager l'autre. Mais que faire devant une telle calamité? Les besoins sont immenses, mais la priorité est pour les tentes. Moins meurtrie que Tadmaït, Draâ Ben Khedda, compte également son quota d'angoisse, plusieurs immeubles, des maisons particulières et des villas ont sérieusement accusé le coup. Plusieurs bâtiments de la cité des frères Khelil (connue comme la cité Ouazar) portent des croix allant de l'orange au rouge. Les citoyens passent pratiquement toutes leurs nuits dehors, et ce, sous des abris de fortune. Des écoles ont été réquisitionnées pour les accueillir. Il faut dire que la peur est partout. L'immeuble de la place du 8 -Mai, en plein entre-ville, menace de voir ses balcons s'écrouler. La cité Mahmoudi a également accusé le coup. Mais c'est l'attitude du responsable local du Croissant-Rouge qui est condamnable. Ce responsable a, carrément, refusé de mettre à la disposition des familles le siège de l'association des inadaptés mentaux, et ce, malgré la réquisition de l'APC. Mieux encore, ce monsieur se serait permis des écarts de langage avec deux représentants du quartier et une fille de chahid. Depuis, les habitants des quartiers Cheriki-Menouar et Liberté, qui ont occupé les lieux de force, se demandent à quel jeu se prête ce responsable. Enfin à Tigzirt, c'est la commune de Mizrana qui est la plus touchée. Près de 31 maisons se sont effondrées, laissant plus de 250 personnes sans abri. Devant cette menace, un délégué de la Ccdt, M.Zeroual Mohand-Saïd, affirme qu'au niveau du village d'Aït Saïd, il se fait fort de «procurer au moins 200 tentes pour la région». Comme il souligne «la prochaine mise à la disposition de la wilaya d'un lot de 400 tentes...».