Pour faire face aux terribles conséquences du séisme, Alger réclame plus de solidarité. Un important mouvement de sympathie et de solidarité avec l'Algérie a marqué l'ouverture hier des travaux du sommet du G8 et de son «dialogue élargi « avec le tiers-monde. Le Président Abdelaziz Bouteflika, qui y participe, a formellement sollicité l'aide internationale pour faire face aux conséquences meurtrières du séisme qui a endeuillé le pays il y a plus d'une dizaine de jours. Dans une courte allocution prononcée à l'ouverture de cette conférence internationale, le chef de l'Etat a déclaré: «Je serais hautement reconnaissant à chacune de Vos Excellences de me faire bénéficier de toute forme de concours ou de toute suggestion qui lui paraîtrait appropriée pour m'aider à relever ce grand défi et à panser les blessures d'une Algérie une fois de plus martyr.» Rendant hommage à l'élan de solidarité qui s'est manifesté à l'échelle internationale, le Président de la République, tout en remerciant tous les donateurs internationaux, a relevé cependant que «l'étendue des dégâts et des pertes humaines a révélé la fragilité de notre société et l'impréparation de nos structures administratives et économiques à affronter de tels cataclysmes». Lui emboîtant le pas, son homologue français, Jacques Chirac, qui assure la présidence du G8 et est en même temps hôte de ce sommet, a, une nouvelle fois exprimé sa «compassion» et sa «sympathie» à l'égard de notre pays. Il a aussi appelé ses pairs à soutenir l'Algérie dans son action de reconstruction en lui apportant une «aide concrète». Les présidents américain et chinois et les Premiers ministres britannique et canadien, tout en relayant cet appel, ont, eux aussi, exprimé leur sympathie et leur solidarité. Le sommet du groupe des huit pays les plus industrialisés et les plus riches de la planète (G8 ) a commencé hier à Evian, station thermale du sud-est de la France. Il a été entamé par un déjeuner entre les pays membres de ce club des Huit et une douzaine de pays pauvres du tiers-monde dits «émergents» destiné à lancer ce qu'on a appelé «un dialogue élargi» d'une demi-journée. Ainsi aux côtés des chefs d'Etat et de gouvernement du club occidental (France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Japon, Canada, Etats-Unis et Russie) étaient invités leurs homologues de Chine, du Brésil, du Mexique, d'Algérie, d'Egypte, d'Afrique du Sud, du Nigeria, du Sénégal, d'Arabie Saoudite, de l'Inde, de Malaisie et de la Suisse. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le président de la Banque mondiale et les directeurs du FMI et de l'OMC sont également de la partie. Dans ce cadre à la fois formel et solennel, les débats et discussions entre les participants tourneront surtout autour du thème général et central «Croissance et coopération internationale». Mais l'accès aux marchés mondiaux, l'eau, l'aide au développement ou la force africaine d'interposition dans les conflits locaux..., auront nul doute une place de choix dans les échanges de vues mutuels. Le Président Bouteflika, depuis avant-hier sur place, participe à ces discussions de dialogue élargi en tant que représentant d'un pays émergent, mais aussi en tant que l'un des architectes historiques de la fameuse formule de Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad). Aussi, avec ses pairs du continent Thabo Mbeki d'Afrique du Sud, Olusegun Obasanjo du Nigeria, et Abdoulaye Wade du Sénégal, mem- bres du comité de mise en oeuvre de ce processus de partenariat, le chef de l'Etat a pris part à Lausanne à une importante réunion de concertation, préparatoire au sommet Nepad-G8 devant se tenir dans la soirée. Il s'est aussi entretenu avec son homologue brésilien, Luis Inacio Lula da Silva, un chantre anti-dérives de la mondialisation sur l'état des relations bilatérales entre les deux pays et les perspectives de ce premier dialogue élargi G8- pays émergents. En somme, ce sont les questions économiques et de développement durable du tiers monde qui domineront les travaux de toutes ces rencontres d'Evian qui se tiennent paradoxalement dans une conjoncture économique mondiale caractérisée par une croissance hésitante, sinon fluctuante. Des dossiers aussi importants que l'accès des marchés internationaux aux produits africains ou du tiers-monde, la fin des subventions agricoles dans les pays développés, ou l'accès des pauvres aux médicaments figurent en bonne place pour focaliser sur eux l'attention des uns et des autres. Il s'agit de savoir comment tout cela va se traduire en pratique dans la vie quotidienne de l'Afrique et du tiers-monde englués, depuis des siècles, dans une misère qui ne cesse de «prospérer».