Personne n'a pensé à le conspuer. Pour la première fois dans les annales de l'Algérie indépendante, un Chef du gouvernement, en l'occurrence Ahmed Ouyahia, a brisé un tabou, hier, à l'APN en choisissant de s'exprimer en tamazight en direct au sujet de la crise de Kabylie. M.Ahmed Ouyahia a tenu, de prime abord, à préciser que l'appel au dialogue qu'il a lancé de la même tribune samedi dernier à l'adresse des ârchs au nom du gouvernement, «n'est pas un appel électoraliste» ni un «repentir de l'Etat». Il dira qu'il l'a fait en étant convaincu que «la rage de la population en Kabylie peut mener à l'irréparable». Il a également qualifié le dialogue de démarche «courageuse», à même de préserver «l'unité nationale». Dans la foulée, il a répondu au mouvement El-Islah, dont le chef de groupe parlementaire, M.Abdelghafour Saâdi avait accusé, la veille, le Chef du gouvernement de pratiquer une politique de «deux poids, deux mesures» dans sa réconciliation entre Algériens. «Est-ce que vous avez mis les ârchs dans la case des terroristes?», s'est interrogé M.Ouyahia en fixant du regard le carré d'El-Islah avant d'ajouter: «Hier, vous avez reproché à l'ex-Chef du gouvernement, M.Ali Benflis, de ne pas avoir négocié avec les vrais ârchs!» Pour rappel, M.Saâdi avait reproché au gouvernement Ouyahia d'avoir exclu les partis politiques de cette initiative de dialogue. Ce qui fera dire à Ouyahia que «celui qui cherche le recrutement doit s'adresser aux ârchs» et que «le gouvernement est partie prenante dans cette question». Par ailleurs, le Chef du gouvernement a longuement disserté sur la thèse de l'autonomie. «Les ârchs disent non à l'autonomie», a-t-il déclaré avant de souligner que la révolte en Kabylie a fait tache d'huile ailleurs. «Les révoltes de Djanet et de Tamanrasset sont de petits signaux» qui ne trompent pas. La Kabylie, a-t-il encore ajouté, est devenue un volcan qu'alimentent les cercles intéressés par l'autonomie. Et «l'identité a fait l'objet de toutes les manipulations aussi bien par nos ennemis que par nos amis». Signalons enfin que l'intervention du Chef du gouvernement n'a pas été conspuée par ceux qui font des constantes nationales leur cheval de bataille.