Le Chef du gouvernement a qualifié hier, à l'hémicycle Zighoud-Youcef, l'affaire de la banque El-Khalifa de «mythe qui s'est effondré» et dont il faudra tirer les leçons. Dans sa réponse devant les députés de l'APN, Ouyahia a indiqué qu'El Khalifa Bank a coûté à l'Etat une perte de 100 milliards de dinars ce qui fait que son sauvetage est impossible, soulignant à cet égard qu' «en économie il n'y a pas de place au charlatanisme». Cette histoire de chiffres ronds a de quoi laisser sceptique, d'autant que les rapports des experts contredisent foncièrement les propos du Chef du gouvernement qui, là encore, use de propos «malheureux» sans en justifier les raisons. Se voulant malgré tout rassurant en direction des petits épargnants, Ouyahia a tenu à préciser que les petits déposants (600.000 DA et moins), au nombre de 250.000, seront remboursés grâce à la Caisse de garantie des dépôts, créée récemment à cet effet. Il n'a pas précisé, là encore, de quelle manière pratique se feront ces remboursements, ni si les agences de cette banque vont fermer puisque le recours est toujours permis ainsi que la présentation de rapports d'experts indépendants et internationaux passibles de contredire foncièrement les conclusions auxquelles est arrivé son administrateur, par ailleurs membre de la direction d'une banque concurrente. Quant aux autres responsables d'entreprises et d'organismes qui ont été séduits par les taux d'intérêts très élevés de cette banque -de l'ordre de 12 a 17 % contre 5 à 6 % pour les banques publiques - ils sont comptables de leurs gestions. Les gros déposants, donc, sont laissés à leur sort, y compris les entreprises publiques qui pourtant n'ont pas pu effectuer de gros dépôts sans aval donné par les autorités gouvernementales concernées. Par ailleurs, il a précisé qu'un liquidateur de cette banque a été désigné et que la justice s'est saisie du dossier. Evoquant la situation des travailleurs du Groupe Khalifa, le Chef du gouvernement a estimé que ceux-ci ont joué la règle du marché. Cette froideur devant le drame futur de quelque 20.000 employés nourrissant au bas mot quelque 100.000 personnes rappelle étrangement la vaste entreprise de liquidation des entreprises publiques menée à «bien» par ce même responsable il y a de cela quelques années. Preuve en est que l'Histoire, en se répétant, attente souvent au tragi-comique...