Si Ce principe est mis en pratique, l'organisation de Hattab aura atteint un objectif majeur. L'hebdomadaire allemand Focus, rapporte dans son édition d'aujourd'hui, l'information selon laquelle le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est disposé à laisser l'Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas, trois pays dont des ressortissants sont encore détenus par des preneurs d'otages, se réclamant du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), «négocier une rançon avec les preneurs d'otages». Toujours selon Focus, qui cite des «sources diplomatiques», le Président algérien se serait engagé auprès des trois gouvernements à les «mettre en contact pour négocier une rançon», directement avec les ravisseurs. Cette information fait suite aux propos tenus par le Président de la république, mardi dernier, devant le Parlement européen, à Strasbourg, dans lesquels il envisageait de laisser une porte de sortie «aux ravisseurs», sans expliquer la teneur de cette «porte de sortie». Certains diplomates européens avaient, alors, parlé d'une rançon en plus d'un exil négocié en Libye. Cette thèse est d'autant plus probable que la Libye avait été, dès le début des négociations, associée aux démarches entreprises pour libérer «à moindre coût» en vies humaines les otages européens, encore entre les mains du groupe d'Illizi, à la lisière des frontières algéro-libyennes. Les monts de Tamelrik, sorte de «canyons du Colorado», version locale, sont un site météoritique et rocailleux d'une extrême rudesse et quasi inexpugnable. Le propre fils du président libyen, Mouamar El Kadhafi avait affirmé à un quotidien allemand, il y a une semaine, que les autorités de son pays «offraient leurs services à l'Algérie pour contribuer à sauver les quinze otages encore détenus». Le caractère périlleux de la libération des otages par les unités spéciales de l'armée est induit par la réussite de la première opération de sauvetage qui a permis de libérer dix-sept touristes européens, dont dix Autrichiens, six Allemands et un Suédois. Echaudé par cette déconfiture, survenue à Amguid, le second groupe des ravisseurs, a carrément «fermé le jeu» à Tamelrik et n'accepte plus, désormais, de négocier avec les émissaires algériens. Privés de vivres et coupés de tout contact extérieur, les hommes armés du groupe qui détient encore les quinze touristes, réclament une négociation directe avec les pays intéressés, c'est-à-dire, l'Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas, et disent être «prêts à tout» pour cela, quitte à commencer à tuer les premiers otages. Les risques d'une intervention militaire sont donc réels, voire «énormes», car tous les atouts ne sont pas, cette fois-ci, du côté des unités spéciales de l'armée. Ce qui fait dire à certains connaisseurs du sécuritaire que «au vu de l'état actuel des choses, la libération des quinze touristes encore détenus, pourrait prendre des semaines, voire des mois». En précisant que «l'état est stationnaire» et que les preneurs d'otages «sont toujours localisés, au même endroit et parfaitement encerclés» le Président Bouteflika, parle de cette difficulté de procéder à «un assaut calculé au millimètre près», comme ce fut le cas pour l'opération d'Amguid, il y a trois semaines. Cependant, si le principe d'une négociation directe des autorités allemandes, suisses et néerlandaises est retenu, l'organisation de Hattab aura atteint un objectif majeur, à savoir une «reconnaissance politique» (une négociation induit toujours cette réalité), ce que jamais les autorités algériennes n'ont consenti à faire, même au plus fort du terrorisme dans le pays.