Le président Bouteflika se serait engagé auprès des gouvernements allemand, suisse et néerlandais à les mettre en contact avec les ravisseurs pour négocier une rançon. Annoncée comme imminente, la libération du second groupe de touristes — dix Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais —, retenus en otages dans le désert algérien depuis plus de trois mois, semble compromise. La délivrance sans grand encombre du premier contingent comprenant 17 touristes, le 13 mai dernier, avait suscité de grands espoirs quant au dénouement de l'affaire. Or, depuis, bien qu'un important dispositif militaire soit mis en place sur les lieux de la prise d'otages à Tamelrik — à 150 km au nord d'Illizi —, aucune offensive n'est menée. Les conditions climatiques difficiles, la configuration géographique périlleuse de la région sont avancées comme les principaux obstacles à un assaut. L'armée hésiterait à intervenir de peur de mettre en danger la vie des otages. Une crainte sérieuse qui aurait poussé les autorités à abandonner l'option du coup de force et à choisir la voie de la négociation avec les ravisseurs. Dans la conférence de presse qu'il a animée mardi dernier à Strasbourg après son passage devant le Parlement européen, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est dit “prêt à laisser aux terroristes une porte de sortie pour sauver la vie des touristes”. “C'est le maximum que je puisse faire”, avait-t-il indiqué. En se faisant l'écho d'une telle concession, le chef de l'Etat reconnaît de fait l'impossibilité pour l'ANP d'entrer en action et de délivrer les touristes sains et saufs. De cette impossibilité, il a certainement fait part au président de la Confédération helvétique, Pascal Couchepin, qu'il a rencontré, dimanche dernier, à Lausanne. Le président Bouteflika avait affirmé à son hôte qu'il n'y a pas “d'indices nouveaux” dans l'affaire des touristes. En clair, c'est le statu quo. “Les otages sont regroupés dans un même endroit et les fauteurs de troubles sont cernés”, lui avait-il précisé. En somme, rien de nouveau. Quelle est alors la solution ? Selon l'hebdomadaire allemand Focus, Bouteflika se serait engagé auprès des gouvernements suisse, allemand et néerlandais à les mettre en contact avec les ravisseurs pour négocier une rançon. Dans un article à paraître dans l'édition d'aujourd'hui, le journal évoque même le montant de la rançon, fixé à plusieurs millions d'euros ainsi qu'un exil possible pour les preneurs d'otages en Libye. Il cite, à ce propos, des sources diplomatiques sans toutefois indiquer leur nationalité. Interrogé, le ministère allemand des Affaires étrangères a refusé de commenter cette information. Son locataire, Joschka Fischer, aurait, en revanche, demandé à l'armée allemande la Bundeswehr d'étudier la possibilité d'envoyer en Algérie des avions de reconnaissance et des drones — petits avions d'espionnage télécommandés — pour aider les forces algériennes à localiser les touristes. S. L.