“Il est important pour nous de pouvoir faire rentrer, dans les meilleurs délais, sains et saufs, nos compatriotes”, a déclaré hier le ministre allemand des Affaires étrangères à propos des 15 touristes allemands disparus avec 16 autres ressortissants européens dans le désert algérien depuis près de trois mois. Arrivé à Alger dans le cadre d'une tournée maghrébine, Joschka Fischer a félicité le gouvernement algérien “pour les efforts déployés afin de trouver une solution au problème des touristes disparus”. Il a par ailleurs soutenu que les autorités allemandes ont “entièrement confiance dans la bonne coopération avec les autorités algériennes”. Le chef de la diplomatie allemande a, lors de son escale à Alger, eu des entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika, son homologue Abdelaziz Belkhadem ainsi qu'avec le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni. Ses hôtes l'ont-il rassuré sur le sort de ses compatriotes ? Si l'on s'en tient aux déclarations de Fischer à la presse, Berlin s'en remet totalement à Alger et lui fait confiance pour parvenir à un dénouement positif de l'affaire. Cependant, une certaine impatience semble gagner les autorités allemandes. L'envoyé du chancelier Shroeder souhaite un rapatriement, dans les meilleurs délais, de ses compatriotes sains et saufs. La plupart des touristes n'ont plus donné signe de vie depuis le 17 février. Selon le ministre de l'Intérieur, ils se trouveraient dans une zone enclavée, du nom de Tamlirt ou “route des Tombeaux”, située au nord de la wilaya d'Illizi. Entendu la semaine dernière par la commission du tourisme et de la culture de l'Assemblée populaire nationale, Yazid Zerhouni avait révélé la découverte d'indices de la présence des touristes à cet endroit. Des vêtements, des boîtes de conserve, des messages écrits ainsi que six véhicules y auraient été trouvés. Selon le ministre, cette région est connue pour être un refuge des contrebandiers et pour avoir abrité le groupe terroriste de l'“émir” Belmokhtar, alias Belaouer. De là à savoir si les ressortissants européens étaient entre les mains d'un de ces deux groupes, Zerhouni a affirmé que cela est possible, mais n'excluait pas les autres pistes de recherches. Démentant les déclarations de son collègue du Tourisme, Lakhdar Dorbani, devant la même commission parlementaire, il a récusé l'existence de négociations avec d'éventuels ravisseurs. Créditée à la faveur de nombreux recoupements, cette thèse se présente pourtant comme une quasi-certitude. Dans sa dernière livraison, l'hebdomadaire allemand Focus croit savoir que les ravisseurs auraient demandé à négocier directement avec Berlin. Selon l'hebdomadaire suisse l'Hebdo, ils auraient demandé des rançons variant entre 20 et 30 millions d'euros. S. L.