Le ministre de l'Habitat, à son corps défendant, est sous les feux de l'actualité à la suite du séisme qui a secoué le centre du pays le 21 mai dernier. Invité de notre rédaction dans le cadre de notre rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression» il s'est livré de bonne grâce aux questions pointues des journalistes relatives aux soucis quotidiens et immédiats des citoyens sinistrés. Pratiquement, tout ce que ceux-ci doivent savoir pour dépasser cette mauvaise passe se trouve dans les articles qui suivent... Les pouvoirs publics, dès les premiers moments du séisme, indique le ministre de l'Habitat, Mohamed-Nadir Hamimid, «ont mis en place une commission d'enquête nationale constituée par d'éminents experts, dont certains de renommée internationale». Il s'agit, notamment des premiers responsables du CGS, du Cneri, du CTC-Centre et de trois cadres centraux, dont Mme Mesbah qui préside la commission. Le ministre, qui refuse de dévoiler la tendance générale prise par l'enquête, se contente de préciser que «le rapport final sera remis au Président de la République et au Chef du gouvernement dès sa finalisation». Il appartiendra, donc, à Bouteflika et à Ouyahia de décider si les constats réalisés par les experts sont dignes d'être livrés à l'opinion publique ou pas. En tout cas, le ministre ne cesse de préciser que l'enquête est menée avec sérieux et célérité en même temps. C'est ainsi que «des photos et des films vidéo ont quasi systématiquement été réalisés alors que des carottages ont également été faits à chaque fois que le besoin s'en était fait sentir». Des enquêtes plus détaillées, plus fouillées, seront ainsi ordonnées à chaque fois que des soupçons seront ressentis. Mais, à l'heure actuelle, hormis le fait que «le séisme a causé une nouvelle faille passant par Zemmouri et qui est distincte de celle de Thénia, les premiers éléments d'enquête ne permettent pas de mettre en cause formellement les matériaux de construction». Le ministre et son gouvernement, qui refusent d'assumer les «éventuelles erreurs commises par d'autres», ajoutent que «l'Etat n'a pas les moyens de contrôler les constructions privées», notamment individuelles, qui doivent se compter par million. Mais il y a eu homicide involontaire. Les choses vont changer, puisque même Alger risque, à la suite de ce terrible séisme, de passer en zone 3 en matière de risques sismiques. Il semble bien que les premiers éléments de l'enquête ne permettent pas de conclure hâtivement, entre autres, à la mauvaise qualité des matériaux de construction. Cela même si le ministre reconnaît que «notre ciment est de très bonne qualité», déplorant donc le fait qu'il ne suffise pas au marché algérien et que nous soyons forcés d'en importer sans jamais trop savoir à quel genre de marchandise on a affaire. Toujours est-il que certains chiffres, pouvant souffrir diverses, et parfois contradictoires, interprétations nous ont été donnés par M.Hamimid. A Boumerdès, donc, 144 immeubles se sont effondrés au niveau du parc immobilier relevant de l'Opgi. Parmi eux, «22 % ont été construits avant 62, 41 % entre 62 et 80, 22 % entre 80 et 96 et 15 % entre 97 et 2003». Ces deux derniers demeurent importants et souffrent diverses interprétations en attendant que la commission d'enquête rende ses résultats. Le ministre, en revanche, parle de «dégâts considérables au niveau des constructions privées», celles-là mêmes qui ne se plient à aucune norme, et font allègrement commerce des mauvais matériaux de construction, histoire de faire quelques économies dans les coûts de construction. En attendant que de nouvelles règles, plus strictes, soient mises en place, «de fermes instructions ont été données à l'ensemble des Opgi du pays afin de pratiquer les tests les plus modernes qui soient sur l'ensemble des immeubles dont ils ont la charge». Voilà de quoi rassurer les citoyens puisque tout le monde sait que les matériaux de construction de mauvaise qualité, notamment le rond à béton irradié, sont entrés dans le pays par l'ensemble de ses ports. Outre cette mesure, les équipes de contrôle techniques, renforcées par des gens venus des quatre coins du pays, sillonnent les deux wilayas les plus touchées par le séisme, Alger et Boumerdès. C'est ainsi, nous apprend le ministre, que «pas moins de 122.386 logements ont déjà été visités et expertisés, dont 107.312 à Alger et Boumerdès, ainsi que 3489 équipements publics divers». L'opération se poursuit à un rythme soutenu et ces chiffres seront sûrement revus à la hausse puisqu'ils datent de vendredi matin.