Abbas et Sharon se justifient devant leurs radicaux sur leurs promesses réciproques à Aqaba. Les Premiers ministres palestinien, Mahmoud Abbas, et israélien, Ariel Sharon, ont essayé de convaincre leurs radicaux de défendre les engagements pris à Aqaba, lors du sommet tripartite avec le président américain George W.Bush dans le cadre de la mise en oeuvre de la «feuille de route». Lors de sa première conférence de presse, depuis Aqaba, Mahmoud Abbas est revenu sur les tenants et aboutissants de ses engagements et sur l'application de la «feuille de route». En vérité, à Aqaba Abou Mazen, en appelant à la fin de «l'Intifada armée» s'est surtout démarqué de la position qui est celle des mouvements de résistance palestiniens et plus généralement des militants de la cause palestinienne. Dans cette conférence de presse M Abbas, se retranchant derrière le président Arafat, a affirmé : «Ce que j'ai annoncé à Aqaba (...) est la position qui nous engage et elle a été prise avec le plein accord de (Yasser) Arafat.» Certes, mais il semble que cet engagement aurait été mieux compris et aurait eu plus de chance d'être avalisé par les militants et la résistance palestiniens s'il avait été le fait du président Arafat, seul, en fait, capable d'imposer certains compromis avec l'adversaire israélien. Le chef du gouvernement palestinien est ainsi défié par les mouvements de résistance qui refusent de déposer les armes, sans garanties effectives de l'érection de l'Etat palestinien. Toutefois, Mahmoud Abbas ne veut fermer aucune porte se prononçant pour la poursuite du dialogue, tout en comptant soumettre le texte de sa déclaration à Aqaba au Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement). En tout état de cause l'opération conjointe des mouvements de résistance palestiniens contre le point de passage d'Erez entre Gaza et Israël, au cours de laquelle quatre militaires israéliens et cinq volontaires palestiniens ont trouvé la mort, augure de jours difficiles pour Abou Mazen qui semble avoir préjugé de ses forces à persuader les radicaux à renoncer à la lutte armée et à entrer dans le processus de paix. Mais, tous les Palestiniens ont à l'esprit le souvenir de la manière avec laquelle Ariel Sharon, Benjamin Netanyahu, et plus généralement les gouvernants israéliens, ont torpillé les accords d'Oslo. Mahmoud Abbas a du pain sur la planche pour redresser la situation dans l'optique qu'il s'est tracée d'autant plus que Washington, réagissant à l'opération de la résistance palestinienne de samedi, avertit que les attaques anti-israéliennes représentaient «une menace à la création d'un Etat palestinien». Une pression facile quand l'occupation militaire israélienne des territoires palestiniens constitue l'unique obstacle à la création d'un Etat palestinien. En fait ce qui est un droit pour les Palestiniens - avoir leur Etat indépendant - tend à se transformer sous les pressions d'Israël et des Etats-Unis en une sorte de faveur que ces derniers veulent bien accorder aux Palestiniens en agréant la création de leur Etat. A l'instar de Mahmoud Abbas qui bute sur ses groupes radicaux, Sharon, lui, se heurte aux extrémistes israéliens qui n'entendent pas céder les territoires palestiniens qu'Israël occupe indûment et sur lesquels ils ont multiplié les implantations des colonies de peuplement. Sharon s'est expliqué devant le comité central de son parti, le Likoud, sur les derniers développements de la situation et singulièrement sur ses engagements à Aqaba. Lors de cette réunion plutôt houleuse, le chef du gouvernement israélien a réitéré son engagement «en faveur de la création d'un Etat palestinien» selon la «feuille de route». Sous les clameurs des ultras de son parti, Sharon n'en affirme pas moins: «J'en prends personnellement la responsabilité.» En fait il ne s'est pas trop attardé sur ses engagements, en réalité très minimes, concernant les colonies «sauvages», donc «illégales» qu'il a promis de démanteler, sans remettre en cause cependant la situation des colonies existantes lesquelles dépassent le nombre de 150, sur le sort desquelles il s'est gardé de se prononcer. C'est pourtant l'élimination, ou non, de ces colonies, qui reste l'obstacle à la création de l'Etat palestinien, qui dira jusqu'où Sharon est prêt à aller dans le processus de paix avec les Palestiniens. Notons la visite officielle dans la région, depuis hier, du chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, lequel a eu des entretiens avec le Premier ministre israélien, Ariel Sharon. Le chef du gouvernement palestinien, Mahmoud Abbas, avait fait savoir, pour sa part, qu'il ne recevrait pas son homologue italien au motif du refus de M.Berlusconi de rencontrer M.Arafat. Une position qui va à l'encontre de la position officielle de l'Union européenne - dont l'Italie exercera la présidence à compter du 1er juillet prochain - qui continue à avoir des rapports suivis avec M.Arafat, président constitutionnel palestinien.