Quand la douleur est grande, l'artiste est là pour l'atténuer... Qu'y a-t-il de plus sensible sur terre que l'âme d'un artiste?...Le drame a été immense dans notre pays, la douleur a été terrible, poignante, insupportable...le séisme du 21 mai 2003 a ébranlé la terre, ébranlé les esprits, ébranlé les coeurs... personne n'y a échappé, tous l'ont subi, peut-être à des degrés différents, mais personne n'y a été insensible...c'est dire combien Dieu est Grand... Pour faire face à cette tragédie, atténuer un peu la douleur et surtout contribuer matériellement à la reconstruction, le TNA, à l'initiative de Amine Kouider et de son orchestre philharmonique, a organisé dimanche 8 juin 2003, un concert de musique classique en solidarité avec les sinistrés du séisme, dont la totalité des recettes ira au Croissant-Rouge algérien. Hélas, le spectacle n'a pas drainé beaucoup de monde, pourtant le rendez-vous a été bien médiatisé et depuis longtemps, mais il faut croire que les fans de Amine Kouider, les amoureux de la musique classique et surtout les citoyens sollicités pour apporter leur contribution et aider quelque peu à reconstruire ce qui a été détruit, n'ont pas répondu à l'appel... Quoi qu'il en soit, les présents ont été gâtés et les absents ont eu tort. Les présents ont eu droit à plus d'une heure de bonheur et d'intense émotion. Nacereddine Chaouli, avec Amine Kouider, l'orchestre philharmonique d'Alger, et le groupe Nagham ont, une fois de plus, subjugué leur public qui a, à chaque fois, longuement applaudi... A de nombreux moments, l'occasion nous est offerte de nous évader du monde, de nous placer au-delà du réel pour vivre l'irréel, d'oublier le chagrin pour penser au bonheur, pour mieux extérioriser nos chagrins...de repenser à la terrible tragédie du 21 mai 2003, d'être secoué encore par le séisme qui a ébranlé la terre, nos sens et nos coeurs. Chaouli nous chantant noubet Zidane de sa voix angélique, Amine Kouider avec ses gestes féeriques, tantôt tendres et enlaçants, tantôt brusques et déconcertants, nous ont entraînés vers des cieux magiques, un monde de paix et de sérénité qui nous poussaient à vouloir crier à qui voulait l'entendre qu'on en avait assez de la haine, de la guerre et de l'injustice...pourquoi ne pas cohabiter dans la paix et la fraternité; la planète peut contenir tout le monde, pourquoi donc s'entretuer puisqu'il suffirait de s'aimer; quelques secondes ont suffi pour que tout soit remis en question: l'ordre, le rang, la vie...c'est dire combien Dieu est Grand et combien nous sommes petits devant lui. L'orchestre philharmonique jouant Grieg Peer Gynt, Chostakovitch, Verdi, Orff et Beethoven, la troupe Nagham chantant des mélodies telles Alaiki mini salam, Ya rayah, ou d'autres morceaux fredonnés en arabe, en italien, en allemand, avec des voix rauques, aiguës ou graves, les spectateurs, peu nombreux hélas et on ne le déplorera jamais assez, n'ont cessé d'applaudir tant ils étaient touchés et émus par tant de beauté et de sensibilité. Le moment était intense, l'émotion était à son comble, tous applaudissaient mais personne n'oubliait la raison de sa présence à ce moment-là, au TNA: c'était l'occasion de dire aux victimes, aux sinistrés, aux Algériens que nous tous, avons été touchés par ce drame et cha émoigne de sa solidarité, de sa fraternité et de son amour à sa manière. Reprendre la vie normale ne signifie en rien oublier le mal ou ignorer les autres, c'est tout simplement dire que, malgré tout, la vie continue et nous nous devons d'être forts...tirer des leçons et rester forts, ne serait-ce que pour sauvegarder l'équilibre de nos enfants, on leur doit au moins ça. Tous étaient d'avis que nous n'étions pas nombreux à ce rendez-vous...Gageons qu'au prochain rendez-vous on sera nettement plus solidaires et que vive l'Algérie fière et debout... A l'occasion, le TNA vous donne rendez-vous demain, mercredi 11 juin 2003, pour la première de la pièce théâtrale de L.Aït Menguellat intitulée L'Algérie du poète, texte traduit par Ahmed Ammour et mis en scène par Ahmed Khoudi. Avis aux amateurs et soyons plus solidaires et nombreux.