Entre le terrorisme et les séismes à répétition, l'économie nationale a été fortement ébranlée durant la dernière décennie. Un premier bilan chiffré montre que la balance financière nationale a chuté de près de 40 milliards de dollars au cours de la dernière décennie. Ainsi devant cette période, l'économie nationale a été fortement ébranlée par, dans un premier temps, l'hydre terroriste qui a fait plus de 100.000 morts, dans un second temps par les catastrophes naturelles ayant secoué le pays. C'est ainsi que les pertes engendrées par le terrorisme s'élèvent à plus de 20 milliards de dollars alors que les séismes de Mascara (1994), Aïn Témouchent (2000) et les inondations de l'hiver 2001 sont évalués à 3 milliards de dollars. A ces pertes occasionnées au Trésor public s'est ajoutée une ardoise de 10 milliards de dollars en raison de 4 années de sécheresse. Ces multiples contraintes sont venues s'ajouter aux effets de l'ajustement structurel et à la faiblesse de l'investissement privé ou étranger. Ce qui a amené le budget public à consacrer près de 25 milliards de dollars à l'investissement dont 7 consacrés au programme de soutien à la relance économique. Cela est mené en marge de l'important effort de désendettement qu'il s'agisse de la dette extérieure, qui demeure encore de 22 milliards de dollars ou de celle publique interne. Alors que, et au moment où la politique du gouvernement oeuvre à faire progresser les mutations économiques à même d'impulser un développement substantiel dans un contexte d'adhésion de l'Algérie à l'OMC, l'économie nationale vient de subir une autre turbulence en raison du séisme du 21 mai dernier. Ce denier, selon un premier bilan chiffré communiqué jeudi par le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, à Blida avant la finale de la Coupe d'Algérie de football, aura fait au moins 2274 morts, dont 1178 à Boumerdès et 883 à Alger, et 11.452 blessés, dont 339 sont encore hospitalisés. Au cours d'un discours prononcé au siège de la wilaya de Blida devant les corps constitués, le chef de la 1re Région militaire, les cadres de l'ANP et la Gendarmerie nationale, les scouts et les organisations humanitaires algériennes, le Président Bouteflika a estimé les dégâts à plus de 5 milliards de dollars. En outre, cette catastrophe naturelle a causé des dégâts matériels au parc immobilier. En effet, le séisme du 21 mai dernier a endommagé 128.000 logements dans les huit wilayas du Centre: Alger (78.000 dont 7000 détruits), Boumerdès (34.000 dont 6000 détruits), Blida (2500 dont 90 détruits), Tizi Ouzou (7000 dont 90 détruits), Tipaza (1700), Médéa, (150), Béjaïa (850) et Bouira (4300 dont 150 détruits). Ce bilan partiel pourrait atteindre les 20.000 logements détruits en attendant la contre-expertise en plus de 30.000 logements fortement touchés (classés «orange 4»). A ce sujet, des instructions ont été données par le Président de la République en vue d'entamer les travaux de restauration des habitations classées «vert» au nombre de 60060 unités réparties comme suit: Alger (31.966), Boumerdès (17.343), Bouira (3259), Tizi-Ouzou (3015) et Blida (2043). Les délais de réalisation de ces travaux sont de 30 jours. Une contre-expertise est en cours en ce qui concerne les habitations classées «orange» dans un premier temps. Tout en affirmant la disponibilité de l'Etat à prendre en charge les sinistrés ainsi que les dégâts occasionnés à travers une loi de finances complémentaire, le Président de la République a précisé que 28.470 tentes ont été montées pour héberger 179.500 personnes. Tandis que l'opération de déblaiement a commencé en attendant de mettre en place des mesures renforcées pour les intensifier avec la mobilisation des moyens des autres wilayas et le recours au génie militaire. Cette étape devrait prendre fin en octobre prochain. En ce qui concerne le relogement des sinistrés, l'administration locale procède actuellement au recensement des sans-abri. A l'heure actuelle, les capacités de relogement recensées par l'Etat s'élèvent à 4817 unités. En outre, face à l'urgence de la situation les pouvoirs publics ont dû recourir à l'acquisition de logements préfabriqués (chalets) auprès des opérateurs économiques nationaux. D'ailleurs, le gouvernement a déjà signé des accords avec 14 entreprises publiques et privées pour la fabrication de 2250 chalets par mois destinés au relogement provisoire des sinistrés pour atteindre les 9000 unités d'ici au 15 octobre. En attendant la réception de ces logements, les wilayas d'Alger et de Boumerdès ont désigné respectivement 35 et 24 sites d'accueil. Il est question de réceptionner, dans un premier temps, près de 5000 unités pour la première et 3700 pour la seconde. Le nombre global de logements (tous types confondus) qui seront disponibles d'ici au 15 octobre 2003, est estimé à 13.800 unités et atteindra, fin décembre 2003, près de 21.000 unités (chalets, cabines et logements). Les équipements publics sont aussi touchés. C'est ainsi que 4400 ont été endommagés dont 300 détruits, parmi lesquels figurent des infrastructures de l'éducation nationale (860 dont 130 détruites), de l'enseignement supérieur (45 dont 5 détruites), de la formation professionnelle (23 dont 3 détruites), de la santé (31 dont 10 détruites) et de la justice (47 dont 1 détruite). Alors que le secteur économique public a subi des pertes de près de 50 milliards de dinars. Une perte qui a tendance à s'aggraver tant l'évaluation des dégâts se poursuit et dépasse déjà les 10 milliards de dinars pour le secteur privé. Les engagements pris par l'Etat ne sauraient être acceptés sans déterminer la responsabilité de tous les acteurs ayant contribué à ces pertes humaines et dégâts matériels par négligence.