Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi Le Conseil économique et social (CNES) a dressé, jeudi dernier, un bilan exhaustif de la situation de l'économie algérienne. L'évaluation faite par cet organisme a mis la lumière, il faut le souligner, sur un certain nombre d'indices relatifs à l'évolution du système économique algérien. Ce dernier connaît des mutations profondes sur plusieurs plans, note le CNES dans les deux rapports qu'il a présentés devant un parterre d'invités au palais des Nations. Outre les avancées remarquables qu'a enregistrées notre économie, des faiblesses ont été dans le lot des remarques du CNES. Ainsi, malgré un taux de croissance hors hydrocarbures positif estimé à plus de 10 % cette année, le CNES a voulu mettre le doigt sur la plaie : ce taux est l'œuvre des investissements publics, regrette-t-il. Le président du CNES a même dit que c'est une croissance «molle». Selon le document du CNES sur les perspectives de conjoncture pour l'année 2009, «malgré une forte chute des prix des hydrocarbures, le financement public en 2009 demeure soutenu grâce à une forte accumulation des réserves financières durant les années précédentes, représentant 40% du produit intérieur brut en 2009». Le CNES fait remarquer que, pour l'année en cours, le budget d'équipement a enregistré une hausse de 11,7% par rapport à 2008. Bien que cet effort émanant de l'Etat ait pu prémunir notre économie (la sphère financière ainsi que l'économie réelle) contre les effets néfastes de la crise financière, le CNES a prédit des «signaux moins favorables» qui marquent l'économie algérienne en 2009. Pour les experts du CNES, les indicateurs de la balance des paiements «devraient supporter le poids des baisses au niveau du solde commercial et courant». Citant des chiffres officiels ainsi que des prévisions du Fonds monétaire international (FMI), le CNES prévoit, à cet effet, un déficit courant de 2,08 milliards de dollars au premier semestre 2009 et un déficit annuel de 3% du PIB. Par ailleurs, selon les conclusions des documents du CNES, l'Algérie «continue de reculer» en termes de classement, en ce qui concerne le climat des affaires malgré les efforts des pouvoirs publics. Il estime, dans ce contexte, que la part de l'investissement direct étranger (IDE) dans l'ensemble des investissements réalisés en Algérie durant la période allant de janvier à fin juin 2009, reste «très marginale». En chiffres, l'organisme consultatif a indiqué que l'investissement étranger réalisé au titre de l'ANDI s'élève à 12,6 milliards de DA, alors que le privé national a réalisé un montant de 173,7 milliards de DA du total investi. Ce qui confirme que les IDE ne peuvent être «la locomotive de l'économie nationale». Cette vision était le cheval de bataille de bon nombre d'économistes, il y a quelques années. Bien au contraire. Le privé national, un programme de relance économique aidant, a pu réaliser des performances jamais égalées. Et l'exemple nous vient du secteur agricole qui a enregistré cette année une production céréalière dépassant les 60 millions de quintaux contre uniquement 17 en 2008. Autre performance : la baisse des importations de lait de 350 millions de dollars et ce, grâce à une hausse de production de lait cru de 23%. Sur ce point, il faut préciser que la facture des importations de lait était de moins de 750 millions de dollars. Bien évidement, ces performances sont le résultat d'un dur labeur. Le textile aussi commence à faire des progrès même s'ils sont «timides». Le CNES nous apprend qu'il commence à enregistrer des «résultats positifs après deux décennies de contre-performances». Malgré la récession qui a lourdement frappé notre industrie, le CNES souligne aussi que les industries d'une manière générale ont connu une croissance de 5,1% au premier semestre 2009 par rapport à la même période de 2008. Le CNES reconnaît, en fait, que «des segments de notre industrie semblent connaître un début de reprise, dont on attend la confirmation comme tendance durable». La production industrielle du secteur public évolue plus favorablement depuis 2008 et enregistre une croissance de l'ordre de 3,5% à fin novembre 2009, ajoute le CNES. Pour la PME, celle-ci s'inscrit dans une perspective de croissance et de développement, soutiennent les experts du CNES qui affirment que le nombre de la PME augmente de plus en plus, notamment dans les secteurs du bâtiment et travaux publics, le transport et l'industrie. Ces tendances positives qui caractérisent quelques secteurs d'activité ne sont, en revanche, qu'une infime partie de l'économie, constate le CNES qui parle de la nécessité de diversifier l'économie algérienne et de permettre à certains secteurs de sortir de leur hibernation. Et pour ce faire, le CNES a évoqué la LFC 2009 qui «dispose d'avantages avérés en faveur de l'investissement productif et de la recherche et développement». Cependant, le CNES juge «important» de fournir d'autres prismes de lecture de la LFC 2009 que ceux attachés aux régulations conjoncturelles au regard des implications en matière d'ajustement des instruments de politique économique qui «ne sont pas forcément reliés à la crise financière internationale et dont l'objectif est de rationaliser, d'encourager ou de moraliser les activités économiques». Dans le même ordre d'idées, en citant une partie des projections du gouvernement pour les cinq prochaines années, le CNES a noté que l'effort des pouvoirs publics en vue de renforcer et de diversifier la base économique algérienne se concentrera sur la promotion des investissements, notamment dans le secteur de l'agriculture et de l'industrie. Pour l'agriculture, les mesures annoncées portent sur la mise en œuvre de la loi d'orientation agricole dans ses dispositions relatives au régime de la concession des terres agricoles. Au plan de l'aide financière publique, ces mesures portent sur le rachat de la dette des agriculteurs et des éleveurs qui a mobilisé près de 41 milliards de DA, mais aussi sur un nouveau programme d'aide publique de 1 000 milliards de DA annoncé pour le prochain quinquennat, est-il indiqué. Pour ce qui est de la promotion du développement et de la productivité dans le secteur industriel, le CNES affirme que l'Etat s'est fixé comme objectif de promouvoir de nouveaux investissements et de mettre à niveau l'outil de production existant.